Le commandant Nidal Malik Hasan, d'origine palestinienne, avait
revêtu un vêtement traditionnel blanc, la "dishdasha", et une
calotte, quelques heures avant d'enfiler son uniforme et de
déclencher jeudi la fusillade, la plus grave jamais enregistrée
dans une base militaire des Etats-Unis.
"Dieu est grand"
Le général Robert Cone,
commandant de la base, a indiqué vendredi sur la chaîne NBC qu'il y
avait "des témoignages de première main de soldats" indiquant qu'il
aurait crié "Allah akbar" (Dieu est grand en arabe), avant la
fusillade.
Au cours d'une conférence de presse, un responsable de la base a
indiqué que l'officier psychiatre de 39 ans devait être
prochainement déployé en Afghanistan, mais le colonel John Rossi,
un autre officier a refusé de s'exprimer sur ses possibles
motivations.
"A ce stade nous n'allons pas spéculer sur le mobile", a-t-il dit,
précisant que l'armée et les forces de l'ordre locales ainsi que
fédérales menaient l'enquête. "Nous avons un seul suspect, comme
nous vous l'avons dit, le tireur", a insisté le colonel.
Le tireur "est dans un état (stable) et il est dans l'un de nos
hôpitaux civils" sous respirateur artificiel, après avoir été
touché par balles, a déclaré le colonel Steven Braverman, qui
commande le centre médical de la base. Le colonel Rossi a indiqué
que le bilan était de 13 morts et 28 blessés encore hospitalisés
vendredi matin, tous dans un état stable.
Il voulait quitter l'armée
La famille de Hasan s'est déclarée "en état de choc et attristée
devant les événements terribles de Fort Hood", dans un communiqué.
"Notre famille aime l'Amérique.
Nous sommes fiers de notre pays", assure la famille. Nader Hasan,
un cousin du tireur, avait indiqué auparavant que le commandant
Hasan "était mortifié par l'idée d'être déployé" à l'étranger et se
plaignait de harcèlement par des soldats du fait de son origine
musulmane".
"Il voulait faire tout ce qu'il pouvait, et selon les règles,
pour s'assurer qu'il ne serait pas envoyé" à l'étranger, a précisé
le cousin. L'officier psychiatre avait engagé un avocat et
cherchait à quitter l'armée. Hasan est né aux Etats-Unis dans une
famille d'origine palestinienne, selon Nader Hasan. Une bande vidéo
de surveillance diffusée par CNN montre le tireur, portant une
dishdasha, dans un magasin de la base quelques heures avant qu'il
n'ouvre le feu.
La vidéo montre Hasan en train
de converser avec le propriétaire, également d'origine arabe. "Il
avait l'air normal. Il est venu et a pris du café et un plat de
pommes de terre", a dit le propriétaire du magasin, précisant que
l'officier avait fait ses achats à 06h20 (12h20 GMT), sept heures
avant la fusillade.
La sénatrice du Texas Kay Bailey Hutchinson, interrogée par CNN, a
insisté sur le fait qu'en tant que psychiatre, le commandant Hasan
aurait dû savoir "plus que quiconque, qu'il était en train de
perdre pied", insistant sur l'importance pour les soldats de
demander de l'aide en cas de troubles psychologiques.
Barack Obama indigné
Le président Barack Obama a évoqué jeudi un "horrible
déchaînement de violence". "Voir tomber ces braves Américains sur
le champ de bataille à l'étranger est déjà assez difficile. Les
voir pris pour cibles sur une base militaire et sur le sol
américain est effroyable", a-t-il déclaré.
Selon le colonel Rossi, quelque 400 personnes se sont retrouvées
sur le lieu de la fusillade, en comptant les soldats déjà présents,
des civils et ensuite les secours et forces de l'ordre. C'est cette
confusion qui a amené à indiquer au départ que le tireur était
décédé, a-t-il expliqué.
afp/mej
Sévère coup au moral pour l'armée américaine
La fusillade risque de porter un sévère coup au moral d'une armée épuisée par des déploiements à répétition depuis des années en Irak et en Afghanistan, et confrontée à un taux record de suicides et de dépressions.
Ces missions à répétition sont considérées comme étant à l'origine d'une forte progression du nombre de suicides dans l'armée américaine. L'an passé, 128 soldats ont mis fin à leurs jours contre 115 en 2007, et le nombre de suicides cette année est en voie de dépasser ce funeste record.
Face à ces statistiques alarmantes, le Pentagone a lancé des programmes de prévention et accentué les efforts de dépistage des problèmes psychologiques, comme le syndrome post-traumatique, et des traumatismes cérébraux provoqués par les explosions ou les chocs violents.
Parmi les soldats impliqués dans des incidents en Irak ou en Afghanistan, la proportion d'hommes souffrant de syndrome post-traumatique ou de traumatisme cérébral est passée de 38% à 52% depuis août 2008.
Le problème commence à être pris sérieusement en compte. A l'hôpital militaire Walter Reed, à Washington, l'aide psychologique fait désormais partie intégrante des soins prodigués aux blessés revenant des zones de combat. Le personnel médical offre aussi un soutien aux familles d'anciens combattants, fragilisées par les longues absences des militaires et les traumatismes qu'ils rapportent.
Une fusillade endeuille Orlando (Floride)
Un homme de 40 ans a tué une personne et en a blessé au moins cinq autres vendredi dans les bureaux de son ancien employeur à Orlando, en Floride, selon les autorités.
Il a été arrêté un peu plus tard chez sa mère. Jason Rodriguez, qui s'était enfui en voiture, a été repéré au domicile de sa mère et a accepté de se rendre, a déclaré la cheffe de la police locale, Val Demings.
Elle a confirmé le bilan d'un mort et cinq blessés mais a dit ignorer les raisons du geste du suspect. C'est la deuxième fusillade en deux jours, après celle de jeudi sur la base militaire de Fort Hood, au Texas.
La fusillade d'Orlando a éclaté vers l'heure du déjeuner, dans une tour de 15 étages du centre-ville. Le tireur a ouvert le feu dans les bureaux de la société de transports Reynolds Smith & Hill.
D'après un porte-parole de l'entreprise, Mike Bernof, interrogé par la chaîne CNN, Jason Rodriguez avait été licencié de son poste d'ingénieur il y a deux ans, en juin 2007.