"Tous les éléments jusqu'à maintenant montrent que le suspect
semble avoir agi seul", a déclaré sur place samedi soir le
porte-parole de l'équipe d'enquêteurs de l'armée, Chris Grey.
L'information a été confirmée sous couvert d'anonymat dans le
New York Times dimanche par les
enquêteurs, selon lesquels le psychiatre militaire a agi de son
propre chef et sans complicité.
Mais, ont-ils assuré au quotidien, la possibilité que ce
psychiatre de l'armée de terre de 39 ans qui devait être
prochainement déployé en Afghanistan, apparemment contre son gré,
ait voulu perpétrer un attentat suicide n'est pas exclue pour
autant.
L'analyse poussée de son ordinateur aurait en effet attesté qu'il
avait consulté des sites internet se réclamant de la mouvance
islamiste et qu'il avait échangé des courriels avec des personnes
appartenant à cette mouvance, selon le journal.
Pas de conclusions hâtives
Les enquêteurs n'ont cependant pas confirmé que l'homme se soit
lancé dans la rédaction de brûlots encensant les attentats-suicide
qu'il entendait mettre en ligne. Dimanche, le chef d'état major de
l'armée de terre américaine, le général George Casey, a prévenu
qu'il ne fallait "pas tirer des conclusions hâtives fondées sur des
bribes d'informations".
Le service d'enquêtes criminelles de l'armée a par ailleurs
diffusé dimanche un message appelant les civils et les militaires
qui étaient présents sur les lieux du drame à lui remettre tout
"élément matériel qui pourrait être utilisé" pour parfaire
l'enquête balistique et l'analyse de la scène.
Le commandant Hasan était dans un
état stationnaire, sans l'aide d'un respirateur artificiel depuis
samedi. Les enquêteurs n'ont pas précisé quand ils allaient
l'interroger ou s'ils l'avaient déjà fait.
Opposé à la guerre
Plusieurs témoignages rapportent que l'homme était ouvertement
contre les guerres en Irak et en Afghanistan. Il venait, selon sa
famille aux Etats-Unis, d'apprendre son prochain déploiement sur le
terrain et se sentait harcelé par ses collègues en raison de ses
origines palestiniennes.
En tirant jeudi à plus de cent reprises avec l'aide de deux armes
de poing, il a, selon des témoins, crié "Allah Akbar" ("Dieu est
grand", en arabe).
Mardi, le président américain Barack Obama assistera à Fort Hood à
une cérémonie en hommage aux treize morts : dix hommes et trois
femmes, dont une femme enceinte âgée de 21 ans. Sur les 28
personnes blessées, 17 étaient toujours hospitalisées samedi soir,
selon le colonel John Rossi, vice-commandant de la base.
agences/os
Des signes avant-coureurs
Plusieurs proches du psychiatre militaire Nidal Malik Hasan, auteur présumé des coups de feu, affirment désormais qu'il n'était pas à sa place au sein de l'armée américaine. De sa justification des attentats-suicide à ses commentaires sur le climat de persécution que subissent les musulmans servant dans l'armée, le psychiatre d'origine palestinienne montrait manifestement des signes de souffrance.
Dans l'attente d'un éventuel témoignage du suspect lui-même, l'un de ses frères a fait le portrait d'un homme parfaitement incapable de mener une telle attaque, un médecin dévoué et un musulman pieux. "Je sais que mon frère Nidal est quelqu'un de pacifique, aimant et soucieux des autres, qui montre un grand intérêt pour la médecine et l'assistance aux autres", a expliqué Eyad Hasan, qui vit à Sterling (Virginie).
Toutefois, dans les jours qui ont précédé son acte de folie, une autre identité lui est apparue, celle d'une personne opposée à toute force aux guerres menées par les Etats-Unis en terres musulmanes, qui tentait d'échapper à son envoi en Afghanistan fin novembre.
"Rétrospectivement, je ne suis pas surpris qu'il l'ait fait", a confié le Dr Val Finnell, l'un des anciens camarades de formation de Hasan, qui avait assisté à un exposé du suspect dans lequel il "justifiait les attaques suicides" et soutenait que la guerre des Etats-Unis contre le terrorisme était "une guerre contre l'Islam".
Bernard Rotsker, spécialiste du recrutement pour l'armée à Rand Corp., a indiqué qu'en l'absence de points noirs dans son dossier, Hasan avait été promu car "nous manquons d'officiers, notamment à ce niveau de commandant ou de lieutenant-colonel, à cause de la guerre, et nous n'avons pas assez de psychiatres".