Le 45ème président des Etats-Unis a annulé dans la foulée une rencontre secrète dimanche à Camp David, aux Etats-Unis, avec son homologue afghan Ashraf Ghani et avec "les principaux dirigeants des talibans".
"Malheureusement, pour tenter à mauvais escient d'accroître la pression, les talibans ont reconnu un attentat à Kaboul qui a tué un de nos grands, grands soldats, et onze autres personnes", a-t-il lancé sur Twitter pour justifier sa décision. "S'ils sont incapables d'accepter un cessez-le-feu durant ces discussions de paix très importantes et sont, en revanche, capables de tuer douze innocents, alors ils n'ont probablement pas les moyens de négocier un accord significatif. Pendant combien de décennies encore veulent-ils combattre?", a conclu le milliardaire républicain.
Deux attentats talibans dans la même semaine
Cet attentat survenu jeudi était le deuxième en quelques jours dans la capitale afghane revendiqué par les insurgés islamistes, malgré "l'accord de principe" que le négociateur américain Zalmay Khalilzad affirmait avoir conclu avec eux lors des pourparlers de Doha. L'émissaire des Etats-Unis était justement allé présenter ce texte en début de semaine au président afghan à Kaboul.
Selon Laurel Miller, responsable de la diplomatie américaine pour l'Afghanistan et le Pakistan entre 2013 et 2017 et aujourd'hui directrice Asie de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group, le projet de rencontre secrète avec les dirigeants des talibans "est une grosse surprise. Pourquoi l'annuler en raison d'une attaque meurtrière à Kaboul jeudi, alors que les talibans ont multiplié les attentats récemment? Ce n'est pas très clair", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Retrait américain en question
Le locataire de la Maison Blanche, qui a promis de "mettre fin aux guerres sans fin", avait donné son feu vert il y a un an à ces négociations directes et inédites avec les talibans. Un accord était sur le point d'être conclu pour permettre un début de retrait progressif des 13'000 à 14'000 soldats américains en Afghanistan, en échange de garanties de la part des talibans d'une "réduction de la violence" et du lancement de négociations de paix directes avec les autorités de Kaboul, ce à quoi les insurgés s'étaient jusqu'ici toujours refusés.
Le gouvernement afghan a cependant exprimé sa préoccupation cette semaine sur le projet d'accord. Il a demandé des éclaircissements au négociateur américain, qui était donc retourné jeudi à Doha, au Qatar, pour reprendre les tractations avec les talibans. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait initialement dit espérer une entente avant le 1er septembre pour que ces négociations interafghanes puissent démarrer avant l'élection présidentielle prévue le 28 septembre en Afghanistan.
Donald Trump, qui juge de longue date que ce conflit a coûté trop d'argent et de vies humaines aux Etats-Unis, avait clairement fait savoir qu'il voulait rapatrier ses soldats aux Etats-Unis avant de briguer un second mandat en novembre 2020.
ats/vic