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"La mobilisation russe n'a pas conduit à un échec réel du parti au pouvoir"

Un électeur sort d'un bureau de vote à Moscou, dimanche 8 septembre [Reuters - Shamil Zhumatov]
Elections régionales en Russie: interview du professeur Jean Radvanyi / La Matinale / 7 min. / le 9 septembre 2019
Au lendemain des élections locales, les premiers résultats montrent un revers du parti au pouvoir Russie unie à Moscou, même s'il a maintenu ses positions dans la majorité des régions russes. Pour le spécialiste de la Russie Jean Radvanyi, la stratégie des opposants n'a fonctionné qu'à moitié.

Les Russes ont voté dimanche pour élire les gouverneurs de 16 régions et 13 parlements locaux. S'il n'avait pas l'importance d'une élection présidentielle ou législative, ce scrutin faisait néanmoins office de véritable test pour la popularité de Vladimir Poutine, après un été marqué par des manifestations durement réprimées et des candidats de l'opposition écartés de la bataille.

>> Lire à ce sujet : Les Russes votent dimanche après une campagne marquée par la répression

Les résultats seront communiqués dans le courant de la journée, mais selon le Premier ministre Dmitri Medvedev, le parti au pouvoir Russie unie est parvenu à se maintenir dans la plupart des régions du pays. A Moscou, le vote intelligent "tout sauf Russie unie" semble toutefois avoir en partie fonctionné, car ce parti ne s’imposerait que dans 23 des 45 districts de la ville.

La participation, elle, est en baisse sensible. Elle se situe sous la barre des 34% dans tout le pays et ne dépasse que légèrement les 17% dans la capitale. Quelques irrégularité ont été constatées, notamment des bourrages d'urnes et des personnes ayant reconnu avoir été payées pour voter, mais ces fraudes restent marginales, selon la présidente de la commission électorale centrale russe, pour qui il n'y aurait pas matière à invalider l'élection.

>> Ecouter le sujet du correspondant de la RTS à Moscou Jean-Didier Revoin dans La Matinale :

Un bureau de vote à St-Pétersbourg, le 08 septembre 2019. [EPA/ Keystone - Anatoly Maltsev]EPA/ Keystone - Anatoly Maltsev
Les Russes étaient appelés à voter dimanche pour des élections régionales très observées / La Matinale / 2 min. / le 9 septembre 2019

La stratégie de l'opposition n'a fonctionné qu'à Moscou

"On s'attendait à un résultat de ce type, dans lequel le parti au pouvoir maintient ses positions", commente Jean Radvanyi, spécialiste de la Russie et professeur à l'Institut national des langues et cultures orientales, invité dans La Matinale de la RTS lundi. "Dans les 16 régions où on élisait le gouverneur au suffrage universel, il n'y aura pas de second tour. C'est seulement à Moscou que le résultat est un peu différent, avec une vingtaine de districts sur 45 qui seront tenus par des représentants des oppositions, mais aucun par l'opposition radicale, puisque celle-ci a été écartée", analyse-t-il sur la base des premiers résultats connus.

A Moscou, la stratégie de l'opposition, emmenée par Alexei Navalny, était de demander aux électeurs de "voter intelligemment" pour battre le représentant du pouvoir. "En fonction des sondages, elle avait défini le candidat le mieux placé dans chaque district. Ça a relativement bien fonctionné à Moscou, mais sans permettre d'emporter quoi que ce soit de décisif, en particulier dans les autres régions", constate Jean Radvanyi. Dans bon nombre de cas, cette stratégie équivalait à voter pour des candidats communistes qui, contrairement à d'autres opposants, ont souvent pu se présenter à l'élection.

"L'opposition radicale sera déçue"

Pour le spécialiste de la Russie, les résultats ne sont pas vraiment à la hauteur des espérances de ceux qui voulaient lutter contre le président russe. "L'opposition radicale sera déçue, parce que, finalement, cette mobilisation ne conduit pas à un échec réel du parti au pouvoir. La popularité de Vladimir Poutine et du parti qu'il a porté reste très forte".

"Il faut dire aussi que cette opposition est extrêmement divisée. La stratégie du vote utile lancée par Alexei Navalny était contestée, parce qu'elle équivaut à voter pour des partis qui ont déjà fait alliance avec le pouvoir à la Douma sur la plupart des décisions importantes. Il y a une grande perplexité dans l'électorat russe. On sait qu'il est mobilisable, mais ce n'est pas décisif".

Il y a une grande perplexité dans l'électorat russe. On sait qu'il est mobilisable, mais ce n'est pas décisif

Jean Radvanyi

En définitive, malgré la crise économique et malgré la réforme des retraites très contestée, le parti au pouvoir est peu ébranlé. Est-ce parce que les Russes ne sont pas encore assez mécontents, ou parce que la démocratie ne peut pas s'exercer? Un peu des deux, estime Jean Radvanyi: "Les pressions administratives ont été très fortes, mais il y a aussi une forte demande de stabilité en Russie de la part de l'électorat, surtout en province. Il y a des problèmes, mais pour l'instant, ça ne suffit pas pour mobiliser l'opinion, qui est dans l'expectative. La vraie échéance sera la succession de Vladimir Poutine, et tout le monde se prépare pour cela".

Propos recueillis par Romaine Morard
Adaptation web: Vincent Cherpillod

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Fort soutien des régions au parti au pouvoir

Le parti Russie unie a récolté 53,3% des voix à l'élection du Parlement de Crimée, cette région annexée par la Russie en 2014, ou encore 76,7 % des voix au Tatarstan, et même 81,6% à Volgograd.

A St-Pétersourg, le gouverneur controversé Alexander Beglov, soutenu par le Kremlin, mène avec plus de 64% des voix après dépouillement de plus de 90% des bulletins de vote.

A Moscou, enfin, Russie unie ne disposerait que de 23 des 45 sièges que compte le Parlement de la capitale, des résultats encore provisoires.

jdr/vic

Enquête demandée sur "l'usage excessif de la force" par la police

La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, a demandé lundi des enquêtes sur le "recours excessif" à la force par la police russe au cours de semaines ayant précédé les dernières élections.

"J'exhorte les autorités à respecter la liberté d'expression, le droit de réunion pacifique et le droit de participer aux affaires publiques", a-t-elle ajouté, lundi à l'occasion de l'ouverture de la 42e session du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU à Genève.