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La population mondiale pourrait décliner d'ici le milieu du siècle

John Ibbitson et Darrell Bricker ont parlé avec des jeunes femmes des bidonvilles de Sao Paulo. [Keystone/AP Photo - Alexandre Meneghini]
La population mondiale pourrait décliner d'ici trente ans. / La Matinale / 3 min. / le 10 septembre 2019
Selon John Ibbitson et Darrell Bricker, auteurs du livre "Empty planet", la démographie mondiale s'arrêtera à 9 milliards de personnes et décroîtra même à partir de 2050. L'évolution des choix de vie liée à l'urbanisation en serait la cause.

La population mondiale s'élève aujourd'hui à 7,7 milliards d'êtres humains, et d'après les chiffres de l'ONU, ce chiffre devrait atteindre 11 milliards d'ici la fin du siècle pour se stabiliser ensuite. Mais certains démographes estiment que ces projections sont fausses.

>> Lire : Dans le monde entier, les femmes font de moins en moins d'enfants

C'est notamment la thèse soutenue dans le livre "Empty planet" - la planète vide -, écrit par le journaliste canadien John Ibbitson et par Darrell Bricker, directeur de la société de sondages Ipsos public affairs. Tous deux sont allés interroger les démographes qui pensent que l'ONU se trompe. Ils ont également enquêté sur le terrain, dans les universités de Séoul, les soirées festives de Bruxelles ou les bidonvilles de Delhi et Sao Paolo.

Déclin à partir de 2050

"Pour ce groupe de démographes dissidents, le scénario le plus probable est que la population mondiale arrive à 9 milliards de personnes vers la moitié du siècle et qu'elle se mette ensuite à décliner, explique John Ibbitson à la RTS. Cela ne sera pas provoqué par des épidémies ou des guerres, mais parce que des milliards d'entre nous ont pris la décision individuelle de faire moins d'enfants."

Les jeunes femmes dans les pays en voie de développement ne veulent pas avoir autant d'enfants que leur mère

John Ibbitson, co-auteur du livre "Empty planet"

Au cours de leur enquête, les deux auteurs ont remarqué que tant dans les pays développés que dans ceux en voie de développement les femmes disent vouloir se marier sur le tard et qu'elle souhaitent avoir au maximum deux enfants.

"Elles ne veulent pas vivre la même vie que leur mère, et c'est particulièrement vrai dans les pays en voie de développement, indique le journaliste canadien. Elles ne veulent pas être enchaînées, être obligées de rester à la maison et avoir trois, quatre, cinq enfants. Elles veulent pouvoir décider de leur propre vie et être indépendantes."

Influence de l'urbanisation

"Empty Planet", écrit par Darrel Bricker et John Ibbitson, édition Penguin Random House, 2019
"Empty Planet", écrit par Darrel Bricker et John Ibbitson, édition Penguin Random House, 2019

John Ibbitson et Darrell Bricker pensent que les Nations unies ont sous-estimé l'influence de l'urbanisation. D'après eux, le développement des villes donne aux femmes un meilleur accès à l'éducation, ce qui leur permet de gagner en indépendance financière et en contrôle sur leur corps. Or cette indépendance entraîne invariablement une chute de la natalité, comme c'est déjà observable dans les pays du nord.

Une trentaine de pays connaissent en effet déjà un déclin de leur population, comme le Japon, l'Europe de l'Est, l'Italie ou l'Espagne. L'Inde a atteint le niveau de natalité de stabilisation, et la Chine devrait commencer son déclin démographique d'ici 5 ans.

Une menace pour le capitalisme

Pour John Ibbitson, cette inversion de la tendance démographique est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle: "Sur le plan de l'environnement, c'est merveilleux, ça va nous aider à contenir le réchauffement climatique. Par contre, c'est très dur de faire croître une économie quand il y a de moins en moins de jeunes et de plus en plus de personnes agées. D'ailleurs, il y a une critique très intéressante de notre livre qui dit que ça pourrait mener à la mort du capitalisme."

Ce changement démographique pourrait aussi avoir des conséquences géopolitiques en favorisant les pays qui arrivent à compenser leur baisse de natalité par une forte immigration, conclut John Ibbitson.

Sujet radio: Lucia Sillig

Adaptation web: Antoine Schaub

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