Six entreprises suisses, dont RUAG, participent au "Defence & Security Equipment International" de Londres, une grande foire de la sécurité militaire et technologique qui s'est ouverte mardi et durera quatre jours.
Amnesty International a profité de l'occasion pour dénoncer dans son rapport les entreprises d’armement qui, selon elle, "se lavent un peu vite les mains de l’utilisation de leurs produits dans des situations où les conflits débouchent sur des violations des droits de l’homme ou des crimes de guerre". L'ONG pointe notamment du doigt les géants Boeing ou Lockheed Martin. Vendre des armes, précise Amnesty, ne signifie pas se déresponsabiliser sur leur utilisation.
Manque de processus stricts
"Ces compagnies d'armement ont des processus d’examen très stricts lorsqu'il s’agit de corruption ou des pots de vin, parce qu'elles y ont été obligées légalement. Elles se retirent d’une affaire lorsqu'il y a un sérieux risque de corruption. Je pense qu'elles devraient appliquer les mêmes mesures de diligence lorsqu'il s’agit des droits de l’homme", a estimé dans le 12h30 de la RTS Patrick Wilcken, chercheur sur le contrôle des armes à Amnesty International.
Interrogées par l'organisation sur leur processus de contrôle de l’utilisation de leurs produits, les entreprises d’armement renvoient la responsabilité aux Etats. "Ce sont eux qui nous octroient les licences", plaident-elles.
"Elles doivent utiliser leur influence"
Pour Patrick Wilcken, pourtant, ces compagnies ont un rôle clef à jouer. "Elles peuvent faire beaucoup de choses. Pour prendre un exemple concret, regardons ce qui se passe au Yemen. Il existe énormément d'informations disponibles qui examinent les violations des droits de l’homme dans ce conflit. Les compagnies doivent examiner si les types de produits et services qu’elles fournissent, par exemple à l’aviation royale saoudienne, peuvent être mal utilisés et aboutir à des violations des droits de l’homme et à des crimes de guerre", détaille le spécialiste du contrôle des armes.
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"Si leur évaluation conclut que c’est le cas, alors ces entreprises doivent faire face et utiliser l’influence qu'elles ont sur leurs clients. Et de l'influence, elles en ont, parce que leurs clients dépendent d’elles pour obtenir leurs équipements et services. Et si elles ne parviennent pas réduire les risques, alors elles devraient arrêter de fournir leurs produits", estime le militant d'Amnesty.
am/vic