De vastes feux de forêt font rage actuellement en Indonésie. Les nuages de fumées qui s'échappent des îles de Sumatra et Bornéo sont même en train d'affecter plusieurs pays d'Asie du Sud-Est. Début août, c'étaient les forêts de Sibérie qui s'enflammaient à perte de vue.
Si les incendies de forêts ont toujours existé, il y a souvent une négation des faits, comme ce fut le cas cet été en Amazonie. En Sibérie, Vladimir Poutine a aussi attendu deux mois et plus de deux millions d'hectares brûlés avant d'envoyer l'armée sur le terrain.
Mais les images satellites trahissent ces dénis. Les fumées sont en effet maintenant facilement repérables. La Nasa a notamment mis à disposition une carte indiquant en direct les incendies en cours dans le monde. L'occasion de constater l'ampleur des dégâts.
Destruction de la biodiversité
Il est toutefois compliqué d'obtenir des données précises sur les surfaces qui disparaissent à cause des incendies. "Les chiffres ne sont pas toujours faciles à vérifier, d'autant que les superficies brûlées ne se trouvent pas toujours en forêt. Parfois, il y a de la savane, de la toundra, voire des cultures.
Mais globalement, pour la Sibérie, on parle de 5 à 6 millions d'hectares, c'est-à-dire une fois et demie la Suisse. La superficie brûlée dans l'ensemble de l'Amazonie est à peu près équivalente", explique le géographe Frédéric Durand, professeur à l'Université de Toulouse-Jean-Jaurès, dans l'émission Tout un monde.
Tout ce bois qui brûle a forcément des conséquences sur l'environnement. D'importantes quantités de C02 sont en effet dégagées. Cela va favoriser une augmentation de l'effet de serre et participer au réchauffement climatique, mais pas seulement.
"Il y a aussi potentiellement, notamment dans l'Arctique, des rejets de fumée qui vont aller sur la neige ou les sols gelés et qui vont favoriser un réchauffement. Cela peut aussi provoquer des relargages de méthane et de carbone du permafrost des sols gelés. Dans les régions tropicales, il y a une grave destruction de la biodiversité", signale Frédéric Durand.
Impuissance
En Sibérie, des incendies importants ont déjà eu lieu en 2010, 2012, puis 2018. La Russie n'est pas la seule a se trouver démunie face à ces catastrophes.
"On peut bien sûr accuser les gouvernements de Vladimir Poutine ou de Jair Bolsonaro de ne pas avoir réagi assez vite. Mais dans d'autres régions du monde, en Europe ou en Californie en 2018 par exemple, il n'y a pas eu de déni. Les pays d'Europe et les Etats-Unis n'ont malgré tout pas été capables de gérer ces incendies. Il faut prendre conscience qu'on a affaire à des phénomènes qui peuvent prendre de l'ampleur et qui deviennent ingérables, même pour les pays industrialisés disposant de moyens techniques et financiers avancés", assure Frédéric Durand.
Loin d'être anodins, les grands feux de forêts sont une vraie menace pour l'environnement et le futur de l'humanité. Comme le dit, un brin pessimiste, Frédéric Durand, avec ces incendies c'est toute une "bibliothèque pour le futur de l'humanité" qui part en fumée.
Vincent Stöcklin/gma
"Une responsabilisation mondiale"
L'été 2019 a été le plus chaud jamais enregistré, un contexte qui favorise forcément les feux de forêts. Mais l'autre grand facteur de risque est la déforestation. Frédéric Durand appelle de ses voeux un moratoire sur l'exploitation des forêts tropicales.
"Il y a un certain nombre de pays qui sont assez avancés, je pense au Costa Rica qui a passé des accords pour ne pas détruire ces forêts. L'Indonésie a quant à elle fait un moratoire dans ce sens dès 2011. Il faut vraiment qu'il y ait une responsabilisation mondiale", explique le géographe.