Dans une déclaration commune des 27 pays de l'UE, les ministres
des Affaires étrangères réunis à Bruxelles ont dit leur «vive
préoccupation» face au blocage du processus de paix. Ils ont
réaffirmé n'avoir jamais reconnu l'annexion de Jérusalem-Est en
1967 par l'Etat hébreu et confirmé leur refus d'accepter les
changements de frontières survenus après cette date, «autres que
ceux acceptés par les deux parties». Une manière de laisser la
porte ouverte à une modification de sa position dans le cadre d'un
éventuel accord de paix global, et d'apaiser Israël.
«S'il doit y avoir une paix réelle, il est nécessaire de trouver
par la négociation un moyen de résoudre le statut de Jérusalem
comme future capitale de deux Etats», souligne néanmoins le
document européen. Les Européens demandent également au
gouvernement israélien de «cesser les «traitements discriminatoires
à l'égard des Palestiniens de Jérusalem-Est».
Ne pas imposer de solution
L'initiative du texte avait été lancée par la présidence
suédoise de l'UE. Mais contrairement à ce que souhaitait Stockholm
à l'origine, les ministres européens ont refusé d'être plus
explicites sur les contours d'un futur Etat palestinien.
Alors qu'un premier projet de texte suédois précisait clairement
que le futur Etat palestinien devait être composé de la
Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est, la version
finale indique simplement que le futur Etat palestinien doit être
«contigu (à Israël) et viable».
Plusieurs pays dont l'Italie, la République tchèque et l'Allemagne
ne souhaitaient pas qu'on impose une solution à Israël et aux
Palestiniens. Mais d'autres ministres européens auraient voulu que
l'UE, principal bailleur de fonds des palestiniens et
traditionnellement plus à l'écoute de leurs préoccupations que les
Etats-Unis, se montre plus directe sur ce sujet délicat.
«Je comprends en fait difficilement qu'Israël n'accepte pas que la
Palestine soit constituée de la Cisjordanie, de Gaza et de
Jérusalem-Est», a dit le chef de la diplomatie luxembourgeoise Jean
Asselborn.
agences/bri
Réactions partagées côté israélien
"Compte tenu de la version de départ extrême soumise par la présidence suédoise, nous ne pouvons que nous féliciter qu'au bout du compte, la voix des Etat responsables et équilibrés ait prévalu", a réagi le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.
Toutefois, la déclaration européenne "ignore le principal obstacle pour parvenir à la paix entre Israël et les Palestiniens, (à savoir) le refus des Palestiniens de revenir à la table des négociations", poursuit le communiqué.
En revanche, le maire israélien de Jérusalem, Nir Barkat, s'est vivement élevé contre la déclaration de l'UE, qui met selon lui en péril l'avenir de la ville. "Aucune ville dans l'histoire du monde n'a fonctionné correctement après avoir été divisée", a expliqué Nir Barkat, en faisant allusion au 20e anniversaire de la réunification de Berlin récemment célébré.
"Une étape positive" pour les Palestiniens
De son côté, l'Autorité palestinienne a regretté que le contenu de cette déclaration ait été édulcoré au regard de sa version initiale. "C'est un pas positif même si nous espérions quelque chose de plus fort et de plus clair", a déclaré Nimr Hamad, un conseiller politique du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
"Nous considérons néanmoins cela comme une étape positive", a-t-il ajouté, tout en critiquant "l'ampleur des pressions exercées par Israël et d'autres, dont des pays européens, pour modifier le texte".
"Les responsables israéliens doivent comprendre qu'il est temps pour eux de respecter les lois et résolutions internationales, qui garantissent le droit à l'auto-détermination des Palestiniens", a de son côté estimé le Premier ministre palestinien, Salam Fayyad. Il a jugé que cette déclaration était une "victoire" pour les Palestiniens.