Cette décision a été annoncée dans une lettre envoyée mardi au
gouverneur de l'Illinois Pat Quinn et signée par plusieurs membres
du gouvernement dont la secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le
secrétaire à la Défense Robert Gates.
"Nous vous écrivons pour vous informer que le président a donné
l'ordre au gouvernement fédéral, avec notre soutien unanime, de
procéder à l'acquisition de l'établissement (pénitentiaire) de
Thomson", une prison appartenant jusqu'ici à l'Etat de l'Illinois
et située dans une zone rurale à 200 km environ à l'ouest de
Chicago, écrivent les ministres dans cette lettre publiée par la
Maison Blanche.
Une prison presque vide
Quasiment vide actuellement, cette prison peut accueillir
jusqu'à 1600 détenus. Son achat par l'Etat fédéral pourrait
conduire à la création de plus de 3000 emplois directs et
indirects, une des raisons pour lesquelles les élus locaux se sont
prononcés en sa faveur.
Sur 210 prisonniers actuellement détenus à Guantanamo, 116 sont
susceptibles, selon Robert Gates, d'être libérés ou extradés dans
leur pays d'origine ou des pays tiers. Quelques dizaines devraient
par ailleurs être traduits en justice.
En mai, Barack Obama avait évoqué la possibilité d'une détention
illimitée sans procès pour les autres, jugés trop dangereux pour
être relâchés mais contre qui le gouvernement ne dispose pas de
suffisamment de preuves. Mais mardi, un haut responsable de
l'administration a assuré qu'"il n'y a aucun détenu qui corresponde
à cette catégorie" dans l'immédiat.
Sécurité maximum
A terme, la prison de Thomson accueillera aussi bien des détenus
fédéraux que d'anciens prisonniers de Guantanamo. Aucun contact ne
sera possible entre les deux groupes, et l'établissement, construit
en 2001, sera mis aux normes "Supermax", ou sécurité maximum.
Pas plus qu'à Guantanamo, les détenus ne pourront recevoir la
visite de leur famille ou d'amis. Les procès devant les tribunaux
militaires d'exception se tiendront également à Thomson, a précisé
un haut reponsable de l'administration. Jusqu'ici cinq hommes ont
été renvoyés devant ces tribunaux réformés par l'administration
Obama mais des dizaines d'autres pourraient l'être à
l'avenir.
afp/cab
Un "Guantanamo du Nord"?
Accusée par ses détracteurs tant à gauche qu'à droite de vouloir créer un "Guantanamo du Nord", l'équation reste complexe pour l'administration Obama qui a déjà dû abandonner sa promesse de fermer la prison d'ici le 22 janvier 2010.
Le Congrès a en effet notamment interdit la venue sur le sol américain de tout détenu, libre ou en prison. A moins que ce soit pour son procès.
Dans la lettre adressée au gouverneur de l'Illinois Pat Quinn, les ministres rappellent d'ailleurs que Barack Obama "n'a aucune intention de libérer quelque prisonnier que ce soit aux Etats-Unis".
La question est aujourd'hui devant la Cour suprême qui rendra sa décision d'ici juin.
Mais si certains détenus restaient enfermés sans qu'un procès pénal soit possible, le sort de chacun d'entre eux sera déterminé par des juges fédéraux, dans des procédures civiles, dont la décision sera souveraine.
Ensuite, leur cas sera régulièrement réexaminé par l'administration.