Le roi Albert II, qui a accepté la démission de Monsieur Herman
Van Rompuy, a annoncé la désignation de Yves Leterme, proposée par
le nouveau président de l'UE.
Le nouveau chef du gouvernement, qui a déjà occupé cette fonction
pendant presque 10 mois en 2008, a prêté serment en début
d'après-midi avec son nouveau gouvernement, qui sera
quasi-identique au précédent.
Le nouveau Premier ministre souhaite un accord au printemps 2010
pour réformer l'Etat belge et donner plus d'autonomie à la Flandre,
indiquait-t-il dans sa déclaration de politique générale qu'il
devait prononcer en fin d'après-midi devant le parlement. Yves
Leterme se félicite de la volonté des différents partis politiques
belges, flamands et francophones d'oeuvrer en vue d'un compromis
sur les futurs contours de l'Etat. Il appelle à "une solution
équilibrée".
Une certaine inquiétude
Je pense qu'il a
mûri.
Wilfried Martens, ancien Premier
ministre, en parlant d'Y.Leterme
Pour beaucoup
de Belges, le retour aux affaires de ce chrétien-démocrate de 49
ans, qui est actuellement ministre des Affaires étrangères, suscite
une bonne dose de scepticisme, voire de franche inquiétude. En
particulier dans les rangs francophones.
"Je pense qu'il a mûri", a assuré l'ancien Premier ministre
Wilfried Martens, qui à 73 ans avait été chargé par Albert II de
"faciliter la transition" après la nomination, la semaine dernière,
d'Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil européen. Mais
jusqu'au sein de son parti, le CD&V, on a toutefois jugé plus
prudent d'encadrer de près cette fois-ci Yves Leterme, afin
d'éviter les dérapages.
Albert II prend les devants
Le roi a confié à
Jean-Luc Dehaene, un autre ancien Premier ministre
chrétien-démocrate flamand - qui jouit lui d'un bon niveau de
confiance chez les francophones et est un spécialiste du très
complexe système fédéral belge - de s'occuper du sujet qui fâche:
faire une proposition pour résoudre les questions institutionnelles
sur l'avenir du pays.
La question la plus urgente est celle des droits électoraux et
judiciaires spéciaux dont bénéficient les francophones vivant dans
la banlieue flamande de Bruxelles. Les partis néerlandophones
veulent les supprimer en scindant l'arrondissement bilingue de
Bruxelles-Hal-Vilvorde, dit "BHV".
La dernière chance
"Un Leterme sous contrôle", conclut mercredi le quotidien Le
Soir. "Le Premier ministre le plus materné", renchérit Het Laatste
Nieuws, le quotidien le plus lu en Flandre.
Herman Van Rompuy, un autre chrétien-démocrate flamand, plus
modéré, avait repris en décembre le poste de Premier ministre,
réussissant à faire baisser les tensions entre Flamands et
francophones. Son départ offre à Yves Leterme une nouvelle chance
de faire ses preuves. Mais c'est "la dernière", titrait mercredi le
quotidien néerlandophone De Standaard.
afp/bri
Un mauvais souvenir
Le premier passage aux affaires de Yves Leterme n'a pas laissé un bon souvenir.
Il a d'abord mis une éternité à former son gouvernement, de juin 2007 à mars 2008. Puis en tant que Premier ministre (mars à décembre 2008), il a plongé le royaume dans l'une de ses plus graves crises politiques depuis la Seconde Guerre mondiale.
Yves Leterme entendait imposer une "grande réforme de l'Etat", c'est-à-dire le transfert de nouveaux pouvoirs aux régions réclamé par la Flandre. Mais il s'était heurté à la résistance des partis francophones, qui craignaient que cette réforme ne préfigure l'éclatement du pays.
C'est cependant sur un dossier politico-judiciaire - des pressions présumées de son entourage sur la justice dans le cadre du démantèlement de la banque Fortis - qu'Yves Leterme dût jeter l'éponge en décembre dernier.
S'il peut se prévaloir d'avoir été lavé par une enquête officielle des soupçons dans ce dossier, sa gestion au ministère des Affaires étrangères ne lui a pas permis d'inverser son image de gaffeur et de piètre communicateur.
A l'origine de plusieurs incidents diplomatiques, il est aussi connu pour avoir confondu l'hymne national belge, la Brabançonne, avec la Marseillaise et il dit souvent que Flamands et Wallons n'ont en commun que la monarchie, la bière et l'équipe nationale de football. Son père était wallon et sa mère flamande pourtant.