Traian Basescu a recueilli 50,33% des voix, contre 49,66% à
Mircea Geoana, selon le décompte de 100% des bulletins, a annoncé
lundi le Bureau électoral central (BEC). Le Parti social-démocrate
(PSD) a toutefois contesté ce résultat.
"Vu le grand nombre de voix annulées et de procès verbaux modifiés
par les bureaux électoraux départementaux, ainsi que le tourisme
électoral massif, nous sommes obligés de contester le résultat de
l'élection", a déclaré un responsable du PSD, Liviu Dragnea.
"Notre conviction est que les Roumains ont élu Mircea Geoana mais
que l'appareil d'Etat de Traian Basescu essaie de faire sortir ce
dernier comme gagnant, de manière frauduleuse", a-t-il ajouté.
Standards respectés
L'Organisation pour la Sécurité et la
Coopération en Europe (OSCE), qui a déployé une vingtaine
d'observateurs pour ce scrutin, a annoncé lundi que la
présidentielle s'était déroulée de manière "généralement conforme
aux standards de l'OSCE". L'Organisation a toutefois appelé les
autorités à enquêter sur les "signalements d'irrégularités, afin de
renforcer la transparence du scrutin".
Le candidat social-démocrate Mircea Geoana, qui avait clamé
victoire très ostensiblement dimanche soir, ne s'est pas exprimé
lundi et a évité les journalistes à son arrivée au siège du PSD où
se tenait une réunion du parti. Dimanche, trois des quatre sondages
diffusés aussitôt après la clôture du scrutin avaient donné Geoana
en tête, avec jusqu'à trois points devant son rival.
Manne attendue
Le Parti démocrate libéral (PDL) de Basescu a annoncé son
intention de lancer "très rapidement" des négociations en vue de la
formation d'un exécutif. Mais si le PSD engageait une bataille
juridique pour obtenir un nouveau décompte des voix, cela ne
favorisera pas la formation rapide d'un gouvernement.
Un tel scénario retarderait par ailleurs encore davantage le
versement de nouvelles tranches de prêt par le Fonds monétaire
international (FMI), qui attend la mise en place d'un nouvel
exécutif et l'adoption d'un budget d'austérité pour 2010.
afp/ant
Un pays pauvre et corrompu
Vingt ans après la chute de Nicolae Ceaucescu, cette élection était considérée comme l'une des plus importantes de l'histoire de la Roumanie.
Elu pour cinq ans, le vainqueur devra former un gouvernement stable pour regagner la confiance du Fonds monétaire international (FMI), dont l'octroi d'une aide de 20 milliards d'euros est mis en suspens.
Dans l'attente de la formation d'un nouveau cabinet, le FMI a en effet gelé en novembre le versement d'une première tranche de 1,5 milliard d'euros qui devait aider Bucarest à payer salaires et retraites.
La Roumanie se cherche un gouvernement depuis l'éclatement en octobre d'une coalition de centre droit dirigée par l'ancien Premier ministre Emil Boc.
La campagne a été marquée par les coups bas mais surtout par les questions économiques. Geoana a accusé Basescu d'avoir été incapable depuis 2004 de protéger le pays, dont le PIB devrait fondre de 8% cette année, et d'en avoir fait le plus corrompu de l'Union européenne (UE).
La Roumanie est le deuxième pays le plus pauvre de l'UE derrière la Bulgarie. Le prochain gouvernement aura pour tâche de ramener le déficit budgétaire à 5,9% du produit intérieur brut.
Il devra s'attaquer notamment à une profonde réforme du secteur public, qui représente un tiers des emplois.
Un autre sujet d'inquiétude pour les analystes est la dépréciation du leu, qui a perdu 4,7% de sa valeur face à l'euro depuis le début de l'année. Le taux de chômage est passé de 4,4% fin 2008 à 7,1%.