Des dizaines de milliers de personnes avaient bravé l'interdit pour descendre à nouveau dans les rues et se répandre dans les artères allant de Causeway Bay à Central, les quartiers du centre de l'île de Hong Kong.
Et comme souvent en trois mois de contestation, le rassemblement a dégénéré en violences entre policiers et groupuscules radicaux qui tentaient de s'en prendre au complexe abritant le siège de l'exécutif.
Lacrymos et barricades
Les forces de l'ordre ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes et les canons à eau ont projeté leur liquide coloré en bleu sur les manifestants qui avaient lancé des pierres et des cocktail Molotov par-dessus les barrières érigées autour du complexe gouvernemental.
Des images des télévisions locales ont montré des manifestants qui déchiraient et brûlaient une banderole célébrant le prochain 70e anniversaire de la fondation de la Chine communiste, incendiant également un drapeau chinois.
Avant de battre en retraite devant les policiers anti-émeutes, certains manifestants avaient monté des barricades, allumé des feux et vandalisé des stations de métro, évitant toutefois l'affrontement direct. Ces incidents mettent un terme à quelques jours de trêve relative des incidents entre policiers et manifestants.
Demandes à Londres
Avant que le centre-ville ne replonge en fin de journée dans le chaos, des manifestants s'étaient rassemblés aux abords du consulat de Grande-Bretagne pour demander à Londres d'en faire davantage pour protéger les habitants de son ancienne colonie.
Des centaines de personnes ont chanté l'hymne britannique en brandissant l'"Union Jack" ainsi que la bannière de l'ancienne colonie hongkongaise.
Environ 130 parlementaires britanniques ont signé cette semaine une lettre ouverte appelant la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth à accueillir les Hongkongais qui souhaiteraient émigrer.
jfe avec afp
Une crise depuis près de 100 jours
L'ex-colonie britannique traverse depuis précisément 99 jours sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions et manifestations quasi-quotidiennes pour demander des réformes démocratiques ou dénoncer une riposte policière jugée brutale par les contestataires.
La crise est née en juin du rejet d'un projet de loi hongkongais, désormais enterré, qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.
Cette mobilisation est un défi sans précédent pour le gouvernement central chinois et pour l'exécutif hongkongais. Conformément à la Déclaration sino-britannique de 1984 qui avait présidé à la rétrocession, Hong Kong est une région semi-autonome dirigée sous le principe "Un pays, deux systèmes", et jouit à ce titre de libertés inconnues dans le reste de la Chine, et ce jusqu'en 2047.
Les militants pro-démocratie accusent Pékin de s'asseoir sur ses promesses en augmentant son emprise politique sur le petit territoire et en refusant de lui accorder un véritable suffrage universel.