"L'enquête se poursuit et toutes les indications montrent que les armes utilisées sont iraniennes", a déclaré à la presse à Ryad le porte-parole de la coalition, Turki al-Maliki. Il a ajouté que l'enquête portait également sur l'origine de ces tirs ayant visé samedi des installations pétrolières en Arabie saoudite.
Lundi soir, le ministère des Affaire étrangères saoudien a dit vouloir inviter des experts régionaux et de l'ONU à enquêter.
L'attaque a été revendiquée par les rebelles chiites Houthis du Yémen, pays en guerre où Ryad intervient depuis 2015 à la tête d'une coalition militaire aux côtés du gouvernement face à la rébellion soutenue par l'Iran.
"Instrument de l'Iran"
Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo avait déjà estimé qu'il n'y avait aucune preuve que cette "attaque sans précédent" soit venue du Yémen, Washington accusant l'Iran d'en être à l'origine. Téhéran a jugé ces accusations "insensées" et "incompréhensibles".
Selon le colonel Maliki, "les attaques n'ont pas été lancées à partir du territoire yéménite comme l'ont revendiqué les Houthis", qu'il a qualifiés d'"instrument aux mains des Gardiens de la révolution et du régime terroriste iranien".
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont le pays est le grand rival régional de l'Iran, a assuré que Ryad était "disposé et capable" de réagir à cette "agression terroriste".
"Le bras long"
Les Houthis continuent de s'attribuer la paternité de ces attaques. Ils ont même menacé lundi d'en lancer de nouvelles contre des cibles en Arabie saoudite. "Nous avons le bras long et il peut atteindre n'importe quel endroit à n'importe quel moment", a prévenu le porte-parole militaire des rebelles, Yahiya Saree, en s'adressant au "régime saoudien".
L'infrastructure énergétique saoudienne avait déjà été visée par les Houthis notamment en mai et en août. Mais les attaques de samedi contre l'usine d'Abqaiq et le gisement de Khurais (est) sont d'une autre envergure: elles ont entraîné une chute de moitié de la production saoudienne, à hauteur de 5,7 millions de barils par jour, soit environ 6% de l'approvisionnement mondial.
L'Irak se défend
L'Irak, pris en étau entre ses deux grands parrains, Téhéran et Washington, a réitéré lundi à Mike Pompeo que son sol n'avait pas été utilisé pour attaquer des installations pétrolières saoudiennes. Des informations avaient jugé possible que des projectiles aient été tirés depuis l'Irak où évoluent de nombreuses milices et factions paramilitaires proches de l'Iran.
Les autorités koweïtiennes ont lancé pour leur part une enquête sur des informations faisant état de l'"intrusion" d'un drone qui aurait survolé un palais de l'émir samedi, le jour de la double attaque en Arabie saoudite.
Les Etats-Unis vont "défendre l'ordre international"
Ludi soir le ministre américain de la Défense Mark Esper a annoncé que les Etats-Unis vont "défendre l'ordre international" qui est "sapé par l'Iran" après "l'attaque sans précédent" contre des installations pétrolières en Arabie saoudite.
Le chef du Pentagone a précisé sur Twitter avoir participé peu auparavant à une réunion à la Maison Blanche pour faire le point sur la situation avec Donald Trump et d'autres hauts responsables américains. Le président des Etats-Unis s'était dit dimanche "prêt à riposter" contre les responsables des attaques.
"L'approvisionnement en pétrole de l'Arabie saoudite a été attaqué. Il y a des raisons de croire que nous connaissons le coupable, sommes prêts à riposter en fonction des vérifications, mais nous attendons que le Royaume (saoudien) nous dise qui il estime être le coupable de cette attaque, et sous quelle forme nous devrons agir!", a tweeté Donald Trump, qui faisait pour la première fois allusion à une éventuelle réponse militaire.
Le milliardaire américain a toutefois annoncer lundi soir souhaiter "éviter" un conflit avec l'Iran.
Réduction brutale de la production
Les explosions de samedi ont déclenché des incendies dans l'usine d'Abqaïq, la plus grande pour le traitement de pétrole au monde, et sur le champ pétrolier de Khurais. Selon le ministère saoudien de l'Intérieur, les attaques n'ont fait aucune victime.
Mais cette frappe est d'un autre ordre: elle a provoqué une réduction brutale de production de 5,7 millions de barils par jour, soit environ 6% de l'approvisionnement mondial.
agences/pym/sjaq
Flambée des prix
Les prix du baril sont montés en flèche. Dans les premières cotations lundi matin, les prix du baril gagnaient plus de 10%: le baril américain de WTI augmentait de 10,68% à 60,71 dollars et le baril de Brent de la mer du Nord montait de 11,77% à 67,31 dollars.
Dans ce contexte, les autorités saoudiennes étudient la possibilité de reporter l'entrée en Bourse très attendue du géant pétrolier Aramco, selon des sources proches du dossier.
Le président américain Donald Trump a assuré lundi que son pays n'avait "pas besoin du pétrole et du gaz du Moyen-Orient", mais a promis "d'aider" ses alliés.
"Parce que nous nous sommes si bien débrouillés avec l'énergie ces dernières années (merci M. le Président), nous sommes un exportateur net d'énergie et maintenant le producteur d'énergie numéro un au monde", a-t-il écrit sur Twitter.
Because we have done so well with Energy over the last few years (thank you, Mr. President!), we are a net Energy Exporter, & now the Number One Energy Producer in the World. We don’t need Middle Eastern Oil & Gas, & in fact have very few tankers there, but will help our Allies!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 16, 2019
Son ministre de l'Energie, Rick Perry, a tenté de freiner la flambée des prix du pétrole, soulignant la "quantité substantielle de pétrole disponible". Il a jugé "prématuré" d'envisager le recours aux réserves stratégiques américaines, avant d'obtenir des informations plus précises sur les dégâts causés dans les installations saoudiennes.