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Les conséquences financières de la crise des gilets jaunes en France

La police anti-émeutes lors de la manifestation des gilets jaunes à Nantes. [AFP - Jean-Christophe Verhaegen]
Le coût économique et social des Gilets jaunes / Tout un monde / 6 min. / le 16 septembre 2019
Le 44e samedi de manifestation des gilets jaunes a été particulièrement violent à Nantes, où manifestants et policiers se sont affrontés. Une mission parlementaire française enquête sur le coût financier de cette mobilisation et avance une perte de 0,1 point du PIB du pays.

Quelle sera la facture économique des gilets jaunes? Comme le souligne une enquête parlementaire menée depuis plusieurs mois, ce sont les villes - Paris, Rouen, Bordeaux et Toulouse notamment - qui sont les plus touchées. Paralyser des centres-villes chaque samedi ou presque, des mois durant, cela laisse des traces, même après que les débris ont été balayés.

"C'était difficile, tous les lundis matin, d'aller voir les commerçants, de voir des gens pleurer. J'en ai entendu dire, à 60 ans, 'j'ai tout perdu, j'arrête, je n'en peux plus, j'ai peur'... On est un peu démuni", témoigne Patrick Seguin président de la Chambre de commerce de Bordeaux, dans l'émission Tout un monde de la RTS. "Lorsque les bilans de fin d'année vont sortir, on verra des petites sociétés qui ne pourront pas survivre compte tenu des pertes qu'elles ont enregistrées l'année dernière et cette année", assure-t-il.

Dépenses publiques élevées

Selon le rapport parlementaire, la crise des gilets jaunes a coûté 0,1 point de PIB. Le manque à gagner pour les centres commerciaux s'élèverait à deux milliards d'euros, et il représenterait 20 à 30% de pertes pour les commerces des centres-villes concernés. Les Municipalités ont également dû faire face à des dépenses très importantes en regard de leur budget.

Si l'on prend l'exemple de Bordeaux et de ses bâtiments publics, la crise aura coûté 82'000 euros pour remplacer des pavés, 40'000 euros pour effacer des graffitis, 26'000 euros pour changer des vitres, 56'000 euros de pertes pour l'annulation de représentations de l’opéra... Et l'on peut multiplier les exemples à travers toute la France.

Menace sur le dynamisme des centres-ville

Pour Roland Lescure, député La République en Marche et président de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, le plus inquiétant sont les effets à long terme sur le dynamisme des villes, en raison d'un "changement de comportement" des consommateurs. Il donne l'exemple de Toulouse, où certains ont décidé de ne plus se rendre dans le centre-ville le samedi.

"Cela n'a pas été trop vu pour l'instant, mais il y a un risque de report du commerce physique vers le commerce internet. Il y a en tout cas clairement eu un report du samedi vers la semaine. Une partie n'a été que transférée, mais une autre est perdue", détaille-t-il. Il pointe également une baisse des rentrées de la TVA liée au manque à gagner des commerçants.

Cadeaux de l'Etat

La mission parlementaire a proposé quelques pistes pour venir en aide aux commerces, comme mener une action auprès des assureurs pour éviter l'augmentation des primes ou mettre en œuvre un crédit d'impôts étalé sur un ou deux ans. Elle préconise aussi des cadeaux de l'Etat. Le député Roland Lescure évoque par exemple "des exemptions de charges pour 2019 dans certains cas particuliers".

Mais la mobilisation des gilets jaunes n'est pas terminée, et tous les bilans que l'on peut en tirer sont provisoires. Le week-end dernier à Nantes, les protestataires ont promis de s'inviter à la rentrée sociale.

Alexandre Habay/jvia

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La France insoumise boycotte l'enquête

La mission parlementaire qui enquête sur le coût financier de la mobilisation des gilets jaunes a été boycottée par la France insoumise. Le parti de gauche a dénoncé une forme de "gilets jaunes-bashing".

Le député François Ruffin, qui siège à l'Assemblée dans le groupe de la France insoumise, a lui plaidé pour une mission qui évaluerait les bénéfices des gilets jaunes pour le porte-monnaie des citoyens. Il cite la volte-face du gouvernement sur la taxe carbone ou encore les primes aux salariés qui ont été obtenues.