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Les Israéliens votent mardi pour dire s'ils croient toujours en Netanyahu

Une bannière pour les élections en Israël, le 11 septembre 2019. [EPA/ Keystone - Atef Safadi]
Les enjeux des élections en Israël: interview de Frédérique Schillo / Tout un monde / 9 min. / le 13 septembre 2019
Israël vote mardi pour la deuxième fois en 5 mois, une élection aux airs de référendum pour ou contre Benjamin Netanyahu. En avril dernier, le Premier ministre n'avait pas pu former de coalition majoritaire après avoir terminé ex-aequo avec le parti centriste Bleu et Blanc.

Benjamin Netanhayu, 69 ans, a occupé au total pendant 13 ans le poste de Premier ministre, un record dans l'histoire d'Israël. Il avait encaissé lors des élections d'avril dernier un rare revers dans sa longue carrière.

Plutôt que de laisser le président israélien Reuven Rivlin demander à un adversaire de former le gouvernement, il avait dissous le Parlement et déclenché ainsi de nouvelles élections.

>> Lire à ce sujet : Le Parlement israélien s'auto-dissout et vote pour de nouvelles législatives

Deuxième manche du match Netanhayu-Gantz

Ce nouveau scrutin est crucial pour le Premier ministre, car il intervient un mois avant sa comparution devant la justice pour des affaires de corruption, d'abus de confiance et de malversations. Même s'il n'est, pour l'heure, ni inculpé ni condamné, une victoire électorale pourrait permettre à ses alliés de lui voter une immunité.

Face à Benjamin Netanhayu, l'ancien chef de l'armée Benny Gantz et son alliance Kakhol lavan ("Bleu et Blanc"), plus libéral sur les enjeux de société tout en cultivant une image de faucon sur les questions sécuritaires, joue la carte de la probité.

Il répète vouloir redonner de son lustre à la fonction de Premier ministre, un tacle implicite contre Benjamin Netanhayu. "Je vous le dis, nous allons le battre. Je suis ici pour changer le pays. Et pour y parvenir, le départ de 'Bibi' est nécessaire", a-t-il martelé ce week-end. Benny Gantz a toutefois été critiqué pour une campagne terne et quelques gaffes lors de discours publics, mais il reste néanmoins la figure centrale fédérant le vote anti-Netanyahu.

Avigdor Lieberman en arbitre

Ce match retour s'annonce âprement disputé. Selon un baromètre de la télévision Channel 13, Likoud et Bleu et Blanc obtiendraient chacun 32 sièges sur les 120 de la Knesset. Au total, le Likoud et ses alliés (des formations à droite ou religieuses) obtiendraient 58 sièges et le bloc de centre-gauche 53.

>> Ecouter le portrait d'Avigdor Lieberman dans La Matinale de la RTS :

Avigdor Lieberman pourrait jouer les trouble-fête lors des élections de mardi [Keystone/EPA - Abir Sultan]Keystone/EPA - Abir Sultan
Portrait d'Avigdor Lieberman, dont le parti pourrait devenir le 3ème en Israël après les législatives. / La Matinale / 1 min. / le 16 septembre 2019

Le parti de la droite nationaliste Israel Beytenou ("Israël notre maison") d'Avigdor Lieberman, qui dit refuser toute coalition avec les religieux alliés de Benjamin Netanhayu, pourrait jouer le rôle de faiseur de roi. Il accuse notamment les juifs ultra-orthodoxes de vouloir imposer leur vision de la religion sur l'Etat et pourrait convaincre une grande partie de l'électorat ayant émigré depuis l'ex-Union soviétique de voter pour lui.

"Il est lui-même russophone et sait ce que signifie être immigré. ll va donc pouvoir travailler davantage pour la communauté russe", estime par exemple la réceptionniste d'un bâtiment qui héberge 450 personnes âgées ayant toutes émigré depuis des pays russophones.

>> Ecouter le reportage de la correspondante de la RTS dans cet immeuble de Jérusalem :

Israël 2 [AFP/DPA - Ilia Yefimovich]AFP/DPA - Ilia Yefimovich
Les immigrés russes en Israël pourraient voter pour Avigdor Lieberman. Reportage dans un logement social à Jérusalem. / La Matinale / 1 min. / le 16 septembre 2019

"Netanyahu ne va pas quitter le pouvoir sans faire de bruit"

La campagne électorale s'est durcie la semaine dernière avec la promesse de Benjamin Netanyahu d'annexer un pan stratégique de la Cisjordanie occupée en cas de victoire. Cette promesse a été fustigée par les Palestiniens, qui y voient la fin de tout processus de paix. Des pays arabes, l'ONU et même Moscou ont mis en garde contre cette annexion, le bémol de la Russie étant d'autant plus significatif que "Bibi" se montre sur ses affiches serrant la main à Vladimir Poutine ou à Donald Trump.

>> Plus de détails dans notre article : Benjamin Netanyahu promet d'annexer un pan de la Cisjordanie s'il est réélu

Contrairement à l'élection d'avril où ils s'étaient présentés en ordre dispersé, les partis arabes israéliens, hostiles au Premier ministre, se sont coalisés pour ce scrutin. Une bonne performance de leur part, comme en 2015 lorsqu'ils avaient terminé à la troisième place, pourrait renforcer une éventuelle coalition anti-Netanhayu.

"Le facteur décisif sera le taux de participation", estime Gayil Talshir, professeure de sciences politiques à l'Université hébraïque de Jérusalem. Elle n'écarte pas une coalition Gantz-Netanyahu, ou alors des manoeuvres du Premier ministre pour s'accrocher à son poste. "La seule chose qui importe à Netanyahu est de survivre comme Premier ministre. Je ne pense pas qu'il va quitter le pouvoir sans faire de bruit".

Vincent Cherpillod avec afp

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Dernières salves à la veille du scrutin

Les chefs des principaux partis tentaient lundi, dans un ultime effort, de galvaniser leur base électorale et de convaincre les indécis. "Rares sont les moments où les électeurs sont devant deux possibilités si distinctes, deux chemins seulement, et doivent choisir lequel emprunter", a résumé Benny Gantz dans une tribune en hébreu publiée dans les principaux journaux lundi.

"Sous ma gouverne, le parti Bleu-blanc changera la direction du gouvernail de l'Etat israélien vers plus de démocratie. Fini les clivages visant à diviser pour régner; au contraire, des actions rapides seront prises pour former un gouvernement d'union", a assuré Benny Gantz. Il dit vouloir diriger le pays dans "l'intérêt de tous les Israéliens" et "non dans l'intérêt de groupes de pression".

Ses propos visent indirectement Benjamin Netanyahu, accusé de se maintenir au pouvoir grâce à ses appuis parmi les partis ultra-orthodoxes et le mouvement des colons dans les Territoires occupés.

Netanyahu vante son bilan économique

Sur les ondes des radios locales, Benjamin Netanyahu a lui vanté son bilan économique, avec un chômage actuellement à un plancher historique de 3,7%, et appelé ses électeurs à voter en masse pour empêcher "la gauche et les Arabes" de prendre le pouvoir.