Le procès, prévu sur deux jours, s'est ouvert dans un climat électrique. Au juge qui lui demandait s'il acceptait de comparaître, Jean-Luc Mélenchon a répondu: "Je crois pas que j'aie le choix, mais oui".
Après avoir dénoncé ces dernières semaines un procès "politique", le chef de file des Insoumis était resté silencieux à son arrivée devant le tribunal de Bobigny, où cette affaire a été dépaysée par souci d'impartialité.
"Cette affaire est politique"
Ceint de son écharpe tricolore d'élu, Jean-Luc Mélenchon a laissé à un de ses co-prévenus, le député Alexis Corbière, le soin de mener la charge. "Tout ça est hors norme, disproportionné", a-t-il déclaré. "Nous ferons entendre des arguments (...) qui feront comprendre que depuis le début, cette affaire est politique".
Le procès a toutefois failli être reporté après une demande de renvoi formulée à l'audience par le parquet, qui a fait bondir les prévenus.
Le ministère public demandait un report au motif que les conclusions du rapport de l'Inspection générale de la police nationale, saisie après une plainte de LFI pour des violences policières lors de la perquisition controversée, n'avaient pas été transmises à toutes les parties.
"Il n'est pas possible de juger sereinement ce dossier", estimait le parquet, dont la requête a finalement été rejetée par le tribunal.
Jusqu'à 150'000 euros d'amende
Le tribunal a donc commencé à examiner les faits qui valent à Jean-Luc Mélenchon et aux co-prévenus - dont le député Bastien Lachaud et l'eurodéputé Manuel Bompard - des poursuites pour "actes d'intimidation envers un magistrat et un dépositaire de l'autorité publique, rébellion et provocation".
Ils encourent jusqu'à 10 ans de prison, une amende de 150'000 euros et 5 ans d'inéligibilité.
afp/jfe
Perquisitions en 2018
Le 16 octobre 2018, Jean-Luc Mélenchon s'était opposé avec virulence à la perquisition menée au siège de son parti à Paris dans le cadre de deux enquêtes du parquet de Paris: sur les comptes de la campagne présidentielle de 2017 et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de la France insoumise, confiées depuis à des juges d'instruction.
Filmant en direct sur Facebook la perquisition de son domicile, Jean-Luc Mélenchon avait d'abord dénoncé une "énorme opération de police politique". Il s'était ensuite rendu avec des proches au siège du mouvement, où une autre perquisition avait viré à la confrontation.
Devant des caméras, il avait appelé ses proches à "enfoncer la porte" pour entrer dans les locaux où la perquisition était en cours, affirmant notamment: "La République, c'est moi!". On le voyait également bousculer un représentant du parquet ainsi qu'un policier qui tentait de s'interposer. Des policiers et magistrats figurent parmi les parties civiles.