L'ancien président tunisien Zine Ben Ali est décédé à 83 ans
L'ancien président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, dont le renversement début 2011 avait marqué le point de départ du "Printemps arabe", est décédé jeudi à Jeddah, en Arabie saoudite, où il vivait en exil, ont indiqué les autorités tunisiennes.
"Nous avons eu la confirmation de sa mort il y a 30 minutes", a ajouté le ministère, sans plus de détails. L'avocat de la famille de Zine el Abidine Ben Ali a également fait part du décès. Celui-ci avait annoncé il y a une semaine l'hospitalisation de l'ex-chef d'Etat âgé de 83 ans.
Après plus de deux décennies d'un pouvoir répressif, Ben Ali avait été renversé début 2011 par un mouvement populaire, point de départ d'une vague de révoltes dans la région connue sous le nom de "Printemps arabes".
Le dirigeant déchu avait fui, le 14 janvier 2011 vers Jeddah, en Arabie saoudite, où il vivait depuis en exil avec sa famille. En 2018, à l'issue de procès par contumace pour "homicides volontaires", "abus de pouvoir" ou encore "détournements de fonds", il avait été condamné par contumace à de multiples peines de prison, dont plusieurs à perpétuité.
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Corruption et népotisme
Le 7 novembre 1987, c'est à la faveur d'un "coup d'Etat médical" contre le père de l'indépendance tunisienne Habib Bourguiba, autoproclamé président à vie, que Zine El Abidine Ben Ali accède au pouvoir.
Ben Ali - successivement général, patron de la sûreté nationale, ministre de l'Intérieur puis Premier ministre au moment du coup d'Etat - instaure rapidement un régime répressif. Plus tard, c'est également son entourage qui sera conspué pour corruption et népotisme.
Car si dans la foulée du coup d'Etat ses partisans le saluent comme "le sauveur" d'un pays à la dérive, la dictature s'enracine rapidement. Militaire de carrière, "ZABA" (ses initiales), comme le surnomment ses opposants, s'appuie sur l'appareil policier pour étouffer toute contestation, surtout celle des islamistes, ainsi que pour museler la presse et les syndicats.
Rempart contre les islamistes
Père de six enfants, dont trois d'un premier mariage, il était souvent accompagné de sa seconde épouse Leïla, qui était honnie par la population pour avoir régné avec dureté sur l'économie du pays.
Dans le même temps, Ben Ali a aussi bénéficié du soutien sans faille d'une bonne partie de la communauté internationale: perçu comme un rempart contre les islamistes, il a été loué pour la poursuite des politiques favorables à l'émancipation des femmes de Bourguiba.
Les quelques voix qui se sont élevées pour dénoncer les atteintes aux droits humains commises par celui que les Tunisiens ne critiquent qu'en chuchotant se sont aussitôt vues opposer le "miracle tunisien".
afp/boi/gma
Publié
Des millions de francs bloqués en Suisse
Après l'éclatement de la "révolution du jasmin" en 2011, la Suisse a bloqué 60 millions de francs appartenant au clan de Ben Ali. Seule une petite partie de ces fonds a pu être restituée à la Tunisie.
"Nous avons versé 250'000 francs en 2016 et quelque 3,5 millions l'année suivante", avait indiqué en février dernier le conseiller fédéral Ignazio Cassis en recevant son homologue tunisien Khemaies Jhinaoui à Berne. Le reste des fonds est bloqué jusqu'en janvier 2020. Mais ce blocage a déjà été prolongé à plusieurs reprises.
Pour de plus amples restitutions, il est nécessaire que les procédures judiciaires avancent en Tunisie et aboutissent à des jugements démontrant l'origine illicite des avoirs, avait rappelé le chef du Département fédéral des affaires étrangères.