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En Algérie, l'armée durcit le ton après l'annonce d'une élection présidentielle

Manifestations en Algérie, le 17 septembre 2019. [AFP - Ryad Kramdi]
En Algérie, l'armée durcit le ton face aux manifestants / La Matinale / 6 min. / le 20 septembre 2019
L'armée algérienne a durci le ton mercredi, trois jours après l'annonce d'une élection présidentielle malgré le rejet de la rue, en indiquant qu'elle empêcherait désormais les manifestants des autres régions de se joindre aux cortèges de la capitale Alger.

"J'ai donné des instructions à la gendarmerie nationale" pour empêcher la venue de manifestants d'autres préfectures à Alger, a déclaré lors d'un discours le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et homme fort de l'Algérie depuis la démission forcée d'Abdelaziz Bouteflika le 2 avril.

Il a appelé à "l'application rigoureuse des réglementations en vigueur, y compris l'interpellation" et la saisie "des véhicules et des autocars utilisés", ainsi que la délivrance d'"amendes à leurs propriétaires".

>> Lire aussi : L'armée algérienne opposée aux revendications des manifestants

Arrestations d'opposants

Par ailleurs, un tribunal d'Alger a ordonné jeudi le placement en détention provisoire de l'opposant et figure de la contestation Fodil Boumala, un ancien journaliste de la télévision nationale accusé notamment d'"atteinte à l'unité nationale", selon un de ses avocats.

Fodil Boumala est la troisième figure de proue de la contestation à être placée en détention provisoire en une semaine après l'opposant Karim Tabou, écroué le 12 septembre, et Samir Benlarbi, incarcéré mardi.

Depuis le début du mouvement de contestation le 22 février, les trois hommes ont manifesté chaque semaine contre le pouvoir. La police a multiplié ces dernières semaines les arrestations à Alger avant le début des manifestations hebdomadaires du vendredi.

L'armée a perdu son pari d'un essoufflement des mobilisations

Interrogé dans La Matinale de la RTS, Kader Abderrahim, maître de conférences à Sciences-Po Paris et spécialiste du Maghreb, estime que "l'armée est inquiète de voir que ce mouvement ne s'essouffle pas".

Pour lui, "la perspective de l'élection présidentielle, bien loin d'essouffler le mouvement, le raffermit et le renforce dans ses revendications".

afp/aes

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Pourquoi les Algériens manifestent?

Depuis le 22 février 2019, l'Algérie est le théâtre chaque vendredi de manifestations contre le pouvoir. Celles-ci ont abouti à la démission du président Bouteflika en avril, mais elles se sont poursuivies sans faiblir avec parmi ses mots d'ordre le départ de l'ensemble du "système".

Face à la contestation, le pouvoir a choisi le passage en force en annonçant dimanche, lors d'une allocution du président par intérim Abdelkader Bensalah, une nouvelle date pour la tenue d'une élection présidentielle le 12 décembre. Une précédente tentative d'organiser une présidentielle, le 4 juillet, avait échoué, faute de candidats.

Mais le mouvement ("Hirak") rejette la tenue d'une élection avec le gouvernement actuel aux manettes. Il réclame au préalable le démantèlement de l'appareil hérité des 20 ans de présidence Bouteflika ainsi que la mise en place d'institutions de transition, ce que refuse le pouvoir.