L'Allemagne va investir au moins 100 milliards d'euros d'ici 2030 "pour la protection du climat et la transition énergétique", selon le texte final négocié vendredi au sein de la coalition d'Angela Merkel et obtenu par l'AFP.
Les détails du compromis, conclu après quelque 18 heures d'âpres discussions, doivent être dévoilés lors d'une conférence de presse. Auparavant, il doit être adopté en conseil des ministres. L'enjeu consiste à prendre des mesures pour inciter les Allemands à réduire les émissions polluantes, et permettre au pays, aujourd'hui en retard, d'atteindre ses objectifs de réduction d'émissions polluantes.
L'annonce intervient alors que des dizaines de milliers de manifestants, 80'000 selon les organisateurs, s'étaient rassemblés à Berlin à l'emblématique Porte de Brandebourg, en ce jour d'un mouvement mondial de grève pour la défense du climat. La mobilisation devrait être particulièrement bien suivie en Allemagne, où les écologistes ont le vent en poupe et enchaînent les succès électoraux.
Discussions compliquées
Les partis se sont particulièrement disputés sur le financement de cette stratégie climatique, rendu extrêmement compliqué par le fait que le gouvernement refuse de contracter de nouvelles dettes, conformément à sa politique d'orthodoxie budgétaire du "Schwarze Null".
Les négociations achoppaient en particulier sur un modèle de tarification des émissions de CO2, où l'essence, le diesel, le gaz de chauffage ou le fioul pourraient être intégrés dans un marché national de certificats et voir leur prix monter, d'environ 11 centimes par exemple pour le litre de diesel.
Panoplie de mesures
La stratégie du gouvernement comprend aussi une panoplie de mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'énergie, le bâtiment, l'agriculture, l'industrie et les transports.
Cela va de la promotion des transports publics et des trains, à l'augmentation du prix des voyages en avion en Allemagne, ou à diverses subventions pour le développement des voitures électriques ou pour des chauffages individuels efficaces et propres.
afp/cab
Centrale dans la prospérité allemande, l'automobile est à la fois un fleuron industriel à l'exportation, la source de plus de 800'000 emplois et un moyen de déplacement privilégié. Berlin ménage donc ouvertement les intérêts des automobilistes. Le gouvernement a saboté l'an dernier les interdictions de circulation pour les vieux moteurs diesel, prononcées par la justice dans certains centres-villes, en refusant d'adopter un système de vignette pour contrôler les véhicules.
Par ailleurs, la chancelière allemande Angela Merkel a pris en 2011 une décision spectaculaire en programmant l'abandon de l'énergie nucléaire d'ici 2022. Si ce choix a reçu une large approbation, il a bouleversé l'approvisionnement de son économie très gourmande en énergie. Le pays doit donc importer du gaz russe et n'a pu réduire pendant des années sa dépendance au charbon, énergie bon marché et très polluante.