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Doutes croissants sur la loi française contre la burqa

La France s'oppose toutefois à une interdiction générale du voile intégral.
Quelque 2000 femmes portent le voile intégral en France.
Des doutes de plus en plus sérieux s'expriment dans la classe politique française, à droite comme à gauche, sur l'opportunité d'une loi sur l'interdiction du voile islamique intégral. Mercredi, le Parti socialiste a pour la première fois fait part de son avis: il est opposé à une loi de circonstance sur la burqa.

"Le Parti socialiste n'est pas favorable à une loi de
circonstance", a déclaré mercredi son porte-parole Benoît Hamon sur
la radio RTL, délivrant pour la première fois la position
officielle du principal parti d'opposition sur la question d'une
loi contre la burqa ou le niqab.

Le PS opposé à la burqa et à la loi

"Le Parti socialiste a débattu, il a rappelé des principes: nous
sommes totalement opposés à la burqa, la burqa est une prison pour
les femmes. Dans la République, elle n'a pas sa place mais une loi
de circonstance n'aurait pas les effets escomptés", a-t-il
expliqué.



Lundi, Nicolas Sarkozy a évoqué devant des responsables de son
parti UMP la possibilité pour le Parlement d'adopter une
"résolution" - une disposition non-contraignante - sur le port du
voile intégral, sans toutefois exclure un recours à la loi. Une
position jugée "pas très claire" par le PS, qui évoque le malaise
du camp présidentiel, selon lui, "très divisé sur cette
question".

"Risques de stigmatisation"

Depuis plusieurs mois, des responsables politiques de gauche
comme de droite ont émis des doutes sur l'opportunité de légiférer,
alors qu'il y a en France moins de 2000 femmes portant le voile
intégral, selon le gouvernement.



Plusieurs élus de gauche et représentants de la communauté
musulmane en France ont notamment mis en garde contre les risques
de stigmatisation dans un contexte délicat, après la polémique sur
l'interdiction des minarets en Suisse et alors que le débat actuel
sur l'identité nationale en France est accusé de "dérapages
racistes".

Critiques contre Sarkozy

Mercredi, le député PS Arnaud Montebourg a accusé Nicolas
Sarkozy d'utiliser des "recettes électorales des républicains
américains" pour créer avec la question de la burqa des "guerres
identitaires", "plutôt que parler des problèmes économiques et
sociaux qui (...) qui minent le pays".



De son côté, le président du Front national Jean-Marie Le Pen a
estimé qu'une loi n'était "pas nécessaire" pour interdire la burqa,
assurant que les "règlements de police suffisent", et a profité de
l'occasion pour réclamer un "référendum sur l'immigration" en
France en 2010.



agences/cer

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La droite tiraillée sur la question

Jusqu'alors, l'opposition socialiste était globalement hostile à une loi, à l'exception de trois élus de la jeune garde du parti, mais à droite, une majorité de parlementaires et de membres du gouvernement s'y étaient déclarés favorables.

En annonçant le 22 décembre le dépôt en janvier d'une proposition de loi interdisant le port de la burqa dans l'espace public, le chef de file des députés UMP Jean-François Copé a pris de court sa propre majorité et la mission parlementaire, censée rendre ses propositions d'ici la fin du mois.

Cette annonce lui a valu un sévère rappel à l'ordre du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, lui-aussi UMP, qui a jugé cette initiative "prématurée".

Alors qu'il lançait le débat en juin en prévenant que la burqa n'était "pas la bienvenue en France", Nicolas Sarkozy s'est montré cette semaine très prudent.

En répétant qu'il ne voulait pas s'exprimer "avant les conclusions" de la mission parlementaire, le président n'a pas départagé son camp, ni offert de ligne directrice sur la question.