Cracovie est la deuxième ville de Pologne et son archevêque, Marek Jedraszewski, a motivé les licenciements de la coordinatrice de son bureau de presse et de ses deux plus proches collaboratrices par le fait qu'elles sont célibataires.
"Deux autres personnes qui, dans leur vie privée, sont mères et constituent avec leurs maris des familles catholiques" pourront, elles, continuer leur travail, a-t-il fait savoir dans un communiqué publié le 21 septembre, même si ce passage a depuis été supprimé devant le tollé qu'il a suscité.
Il n'en demeure pas moins que, pour le prélat, ce n'est pas la pratique catholique qui est un critère à l'emploi, mais bien le fait pour une femme d'avoir ou non un homme à ses côtés.
Prélat controversé
Le prélat avait déjà été l'objet de controverses. Lors d'une messe retransmise à la télévision, il avait par exemple qualifié les mouvements LGBT de cet été de "peste arc-en-ciel" ayant remplacé selon lui la "peste rouge communiste".
En début d'année, il avait aussi comparé la politique de "zéro tolérance à l'égard des prêtres pédophiles" à l'holocauste et aux purges staliniennes.
Des événements qui donnent une idée du conservatisme catholique qui peut régner de façon extrême dans cet Etat européen.
Indignations
Suite à l'affaire des licenciements de Cracovie, les indignations abondent notamment sur les réseaux sociaux. L'Inspection du travail a immédiatement annoncé un contrôle dans les locaux de l'archevêché.
Mais les Polonais sont néanmoins nombreux à adopter une position très conservatrice. Lors de la Gay Pride de Lublin samedi dernier, des ultra-nationalistes d'extrême droite scandaient: "Nous sommes normaux, vous êtes déviants".
Jarosław Kaczyński, chef du parti Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS), au pouvoir, considère lui-même les droits des homosexuels comme une "menace" pour la famille polonaise traditionnelle.
Conservateurs favoris des législatives
C'est dire qu'à quinze jours des élections législatives, les conservateurs nationalistes au pouvoir, grands favoris du scrutin, sont soutenus par nombre d'évêques et de prêtres dans ce pays qui reste majoritairement fidèle à la pratique religieuse.
Eglise et pouvoir restent campés sur une vision très traditionnelle de la société, où la famille "papa – maman – des enfants" reste LE modèle et où la femme seule ou l'homosexuel n'ont tout simplement pas leur place.
Gabrielle Desarzens/sjaq