Modifié

Copenhague: consternation de la presse et des ONG

L'opinion publique et la presse ont abondamment fustigé le manque de résolution des gouvernants
Les ONG ont rapidement manifesté leur "honte" par rapport à l'accord.
La presse européenne et les ONG rivalisent de mots durs pour qualifier la souris pas très verte dont a accouché le sommet de Copenhague, qualifié de "pantalonnade" par Libération. Rares sont ceux qui y voient une forme d'espoir.

"Début faiblard" dans la lutte contre le réchauffement de la
planète, "accord de façade", "insuffisant", "demi-accord" à
Copenhague: la presse européenne hésitait samedi entre "échec" et
"demi-échec" pour qualifier l'issue de la conférence de l'ONU sur le climat.



"Copenhague se termine sur un échec", juge pourtant sans
tergiverser The Guardian en Grande-Bretagne. "Méchante
gueule de bois pour l'atmosphère", titre le quotidien belge Le
Soir
estimant que contrairement aux espoirs, "le résultat
final est un document peu lisible et plein de chausse-trappes".

En France, Le Parisien évoque "un rendez-vous manqué"
et Libération (gauche) "une pantalonnade ronflante". Il
apparaît que "les puissants de ce monde sont incapables de prendre
les décisions claires et volontaires qui s'imposent et ne
parviennent à accoucher que d'un accord a minima qui sauve à peine
les apparences", commente Libération. Faisant le constat d'une
"déception immense", Le Figaro (droite) observe que "les
derniers jours très tendus de Copenhague ont montré à quel point
les fractures étaient profondes entre pays riches et pays en voie
de développement".

La fin du monde, pour un journal turc

Dans le camp des
particulièrement déçus, la presse turque: "Fiasco complet", juge le
journal Radikal (libéral). "Ils devaient sauver le monde
mais se sont séparés après s'être querellés", écrit-il. "Fiasco
mondial", renchérit le journal populaire Millyet tandis
que Aksam pense que l'accord de Copenhague
"non-contraignant" conduira à la fin du monde.

"Deux degrés en moins ne devraient pas sauver le monde", affirme
le Tages-Anzeiger selon lequel "le sommet sur le climat
n'a pas pris d'engagement sur ce que le monde attendait et sur ce
que la science recommandait". Quant aux responsabilités, le
quotidien autrichien Standard (centre-gauche) estime qu'à
ce "sommet des espoirs déçus", l'Union européenne s'y est montrée
"trop passive" tandis que le Kurier(centre) évoque une
"occasion manquée" où "les chefs d'Etat se sont entendus sur le
plus petit dénominateur commun".

Un combat de superpuissances

Pour le quotidien polonais, Gazeta Wyborcza,
"l'intransigeance des Etats-Unis et de la Chine, ont empêché le
succès". Le quotidien italien La Stampa nuance en
affirmant qu'"Obama arrache un compromis à l'Inde et à la Chine:
'Mais cela ne suffit pas'". "La réunion climatique chaotique a
révélé que Washington ne décide plus et qu'il n'existe plus de
consensus politique entre les pays du monde", analyse le quotidien
danois Politiken (centre-gauche), mettant en exergue "la
Chine qui s'affirme comme superpuissance".

Un espoir quand même?

Enfin, dans le camp des
modérément optimistes, Die Presse (droite) en Autriche
parle d'un "mini-succès" en évoquant l'accord sur l'aide aux pays
en voie de développement. La conférence de Copenhague pourrait
"dans le meilleur des cas être un début faiblard pour une
transformation nécessaire des sociétés industrielles et des pays en
développement", estime le Berliner Zeitung, en
Allemagne.



Pour le Süddeutsche Zeitung, "le résultat de Copenhague
n'est rien de plus qu'une promesse qui peut être matérialisée au
plus tôt l'an prochain lors de la prochaine conférence". Et le
quotidien néerlandophone belge De Standaard d'espérer: "le
processus est plus important que le résultat immédiat. Un échec ou
un semi-échec font aussi partie du processus de progrès".



agences/ther

Publié Modifié

Les ONG dénoncent une fracture nord-sud

Selon ActionAid, les Etats-Unis sont les principaux responsables du fiasco. "Personne ne sort grandi de ces négociations, mais finalement, c'est l'incapacité des Etats-Unis d'améliorer son offre de réduction des émissions et de financement qui a rendu un accord impossible", a affirmé la directrice d'ActionAid, Anne Jellema. L'organisation note, à propos des cent milliards débloqués d'ici 2020, qu'il n'y a aucune garantie sur l'origine de ce financement et ses modalités ni d'échéance fixée pour élaborer un traité contraignant.

Pour Kim Carstensen, du WWF International, le document adopté est "seulement une déclaration d'intention qui ne lie personne de manière contraignante et échoue à garantir un avenir plus sûr pour les prochaines générations". "Dans les faits, les offres mises sur la table sont insuffisantes et conduisent à une hausse des températures d'au moins trois degrés en 2050", a-t-il affirmé.

Pour les Amis de la Terre (Friends of the Earth), Copenhague a été un "désastre pour les plus pauvres de la planète". "En retardant leur action, les pays riches ont condamné des millions de gens à la faim alors que le changement climatique va s'accélérer", a relevé Nnimmo Bassey, président de l'ONG. "Nous sommes dégoûtés par le refus des pays développés de s'engager sur les réductions nécessaires des gaz à effet de serre", a-t-il ajouté.

Pour Oxfam International, les pays ont abandonné toute volonté d'aboutir à un accord substantiel capable de prévenir la catastrophe climatique à laquelle la planète est confrontée. L'espoir d'un traité contraignant à Mexico en 2010 est enterré, a indiqué son président, en rappelant que des réductions de 40% des émissions de CO2 sont nécessaires d'ici 2020 pour limiter la hausse des températures à deux degrés en 2050.

Pour le directeur de Greenpeace International Kumi Naidoo, le document adopté n'est "pas équitable, pas ambitieux et pas contraignant". L'ONG estime que le comportement des principaux dirigeants à Copenhague a été "honteux". Les ONG annoncent qu'elles vont accroître la pression ces prochains mois pour que les principaux pays pollueurs reviennent avec des offres plus sérieuses. "La société civile va redoubler d'efforts", a promis Greenpeace.

Pascal Husting, directeur de Greenpeace France, a dénoncé un "désastre", et un "recul" par rapport à Kyoto, avec un projet d'accord ayant "la substance d'une brochure touristique".