Le ministère israélien du logement a lancé lundi un appel
d'offres pour la construction de 198 logements à Pisgat Zeev, 377
maisons à Neve Yaakov et 177 résidences à Har Homa, des colonies
proches de Jérusalem. Ce projet s'intègre dans un plan plus vaste,
qui comprend la construction de milliers de nouveaux logements en
Israël.
Israël "pas prêt pour la paix"
Un porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas a
aussitôt condamné le projet, affirmant que toute nouvelle
construction dans le territoire occupé par Israël depuis la guerre
des Six Jours de 1967 était illégale. "Le gouvernement israélien
prouve chaque jour qu'il n'est pas prêt pour la paix", a-t-il dit.
Il a accusé l'Etat hébreu d'exploiter l'incapacité des Etats-Unis
et de la communauté internationale à imposer un arrêt de la
colonisation. Mahmoud Abbas exige un arrêt complet des activités de
colonisation avant d'envisager une reprise des pourparlers de paix
avec les Israéliens.
Israël s'est attiré les critiques de la communauté internationale
le mois dernier en approuvant un projet de construction de 900
nouveaux logements dans la colonie de Gilo, à la périphérie de
Jérusalem-Est, où vivent déjà 40'000 Israéliens. Sous la pression
américaine, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait
ordonné en novembre un "gel" de dix mois des nouvelles
constructions en Cisjordanie. Il avait toutefois exclu de cette
mesure des zones frontalières situées à la périphérie de
Jérusalem.
Un responsable israélien a précisé que l'administration Obama, qui
tente depuis des mois de relancer les pourparlers, avait été
prévenue de cette décision du gouvernement Nétanyahou. Mais un
responsable américain déplorait un nouveau coup porté aux efforts
de paix. "Nous pensons que les actions unilatérales rendent
difficile le retour à la table des négociations, alors que c'est
notre but", a souligné ce responsable sous couvert de l'anonymat,
dans l'attente d'une réaction officielle de Washington (voir
ci-contre).
Arrêt pourtant réclamé par Washington
D'après une source palestinienne, l'émissaire de Barack Obama au
Proche-Orient, George Mitchell devrait revenir dans la région le 7
janvier prochain. Peu après son entrée en fonction, Barack Obama
avait réclamé l'arrêt des constructions dans les toutes
implantations juives, comme le prévoit la "feuille de route" pour
la paix au Proche-Orient du Quartet (Etats-Unis, Russie, Union
européenne et Nations unies). Mais n'ayant pu faire fléchir
Benyamin Nétanyahou, il avait paru depuis assouplir sa position,
pour appeler à une reprise rapide des pourparlers. Mais l'Autorité
palestinienne du président Mahmoud Abbas refuse toujours de revenir
à la table des négociations sans gel des constructions
préalable.
Lundi, Benyamin Nétanyahou a assuré devant un groupe
d'ambassadeurs israéliens qu'Israël veut la paix. "Il est temps de
reprendre le processus diplomatique et de lancer des pourparlers de
paix entre nous et les Palestiniens", a-t-il déclaré. L'annonce des
nouvelles constructions à Jérusalem-Est intervient alors que,
d'après l'ancien député israélien "colombe" Yossi Beilin,
Nétanyahou est en train de travailler avec les Américains sur un
accord fixant le cadre de futurs pourparlers avec les
Palestiniens.
agences/cht
Les USA s'opposent à de nouvelles constructions
Les Etats-Unis "s'opposent à de nouvelles constructions israéliennes" dans la partie orientale de Jérusalem occupée et annexée, a indiqué lundi la Maison Blanche, en rappelant que le statut permanent de la ville doit être négocié avec les Palestiniens.
Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a déclaré que "le statut permanent de Jérusalem est un sujet qui doit être négocié par les parties (israélienne et palestinienne) et soutenu par la communauté internationale".
"Aucune des deux parties ne devrait prendre de mesures qui pourraient unilatéralement devancer ou sembler devancer les négociations. Il faut plutôt que les deux parties recommencent à négocier sans conditions préalables, le plus tôt possible", a ajouté M. Gibbs dans un communiqué.
"Les Etats-Unis reconnaissent que Jérusalem constitue un problème très important pour les Israéliens et les Palestiniens, et pour les juifs, les musulmans et les chrétiens. Nous pensons que par des négociations de bonne foi, les parties peuvent se mettre d'accord sur un résultat qui comblera les aspirations des deux parties pour Jérusalem, et protègera son statut pour les habitants du monde entier", a conclu le porte-parole.
Plus tôt lundi, l'Union européenne avait déjà déploré la décision "illégale" des autorités israéliennes de lancer des appels d'offres pour la construction de ces logements. Une telle décision "ne crée pas un climat propice à la reprise de négociations" sur le statut de Jérusalem, appelée à devenir la capitale de deux Etats, avait-elle averti.
Environ un demi-million d'Israéliens vivent en Cisjordanie et à Jérusalem-Est - la partie arabe de la ville sainte prise par Tsahal en 1967 - parmi 2,7 millions de Palestiniens. La Cour internationale de justice a jugé les colonies illégales et les Palestiniens craignent que ces enclaves les privent d'un Etat viable.
La communauté internationale n'a jamais reconnu l'annexion de Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent installer la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.