Devant les caméras puis devant des retraités, le président américain a voulu montrer un côté combatif alors qu'au Congrès se déroulait la première grande audition d'un témoin-clé, à huis clos, dans l'enquête en vue de sa mise en accusation. Les démocrates sont "fous", a accusé Donald Trump lors d'un discours en Floride.
Ils ont lancé "cette bêtise de destitution parce qu'ils savent qu'ils ne peuvent pas nous battre dans les règles", lorsqu'il tentera de décrocher un second mandat en novembre 2020, a-t-il affirmé.
Donald Trump est sous la menace d'une mise en accusation ("impeachment") parce qu'il a demandé à son homologue ukrainien de l'aider à rassembler des informations compromettantes sur le démocrate Joe Biden, bien placé pour l'affronter lors de la présidentielle de 2020.
Appel à la Chine
Martelant que son échange avec Volodymyr Zelensky était "parfait", Donald Trump a déclaré jeudi qu'il pourrait "assurément" formuler la même demande auprès du président chinois.
"La Chine devrait lancer une enquête sur les Biden parce que ce qui s'est passé en Chine est tout aussi grave que ce qui s'est passé en Ukraine", a-t-il insisté. Il a ensuite défendu avoir "le droit absolu, peut-être même le devoir" d'enquêter sur la corruption, quitte à "demander ou de proposer à d'autres pays de nous aider".
"Monsieur le président, vous ne pouvez pas pressurer des gouvernements étrangers pour vous aider à être réélu", a rétorqué le premier intéressé, Joe Biden, sur Twitter. "Je sais que vous voulez truquer la primaire (démocrate, ndlr) et choisir votre rival, mais je ne vais pas bouger d'ici".
Ulcéré par une procédure qui, même si elle a peu de chances d'aboutir à sa destitution pour cause de majorité républicaine au Sénat, jette une ombre sur sa campagne de réélection, Donald Trump est embarqué depuis des jours dans une surenchère verbale, dénonçant les "conneries" des démocrates et même un "coup d'Etat".
"Preuves abondantes"
Les démocrates estiment que le locataire de la Maison Blanche a abusé de son pouvoir à des fins électorales personnelles. Dans le cadre de leur enquête, ils ont entendu à huis clos jeudi pendant plus de huit heures Kurt Volker, qui fut envoyé spécial des Etats-Unis pour l'Ukraine jusqu'à sa démission la semaine dernière.
Son témoignage a fourni "des preuves abondantes montrant que pour obtenir une rencontre (avec Donald Trump, ndlr), il avait été demandé au président Zelensky qu'il enquête sur l'élection de 2016 et les Biden", a affirmé à la sortie un élu démocrate, Eric Swalwell.
Selon le rapport du lanceur d'alerte, Kurt Volker s'est rendu à Kiev le lendemain de l'appel entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky afin de "donner des conseils aux autorités ukrainiennes sur la manière de 'composer' avec les demandes du président".
De l'aveu du département d'Etat, Kurt Volker a également aidé à organiser une rencontre entre Rudy Giuliani et un membre de l'entourage de Volodymyr Zelensky.
Les députés démocrates ont également rendu public un texte écrit par M. Volker à un conseiller du président ukrainien juste avant le coup de téléphone de M. Trump, disant : "Entendu de la Maison Blanche. Si président Z convainc Trump qu'il va enquêter, découvrir ce qui s'est passé en 2016, nous trouverons une date pour une visite à Washington. Bonne chance!"
ats/vkiss
Les reproches à Hunter Biden
Hunter Biden, avocat et financier, a siégé au comité de surveillance d'un groupe gazier ukrainien et a investi en Chine quand son père était vice-président de Barack Obama.
Il n'a jamais été inquiété par la justice de ces pays. Mais Donald Trump et son entourage accusent Joe Biden d'avoir réclamé la tête d'un procureur ukrainien pour protéger son fils.
En 2015, l'ancien vice-président a bien demandé le limogeage du procureur général ukrainien, mais dans le cadre d'une campagne internationale de lutte contre la corruption, lancée parce que ce responsable était soupçonné d'entraver les réformes.
Il y a quelques mois, l'avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a entamé des démarches auprès des autorités ukrainiennes pour tenter de les convaincre d'ouvrir une enquête sur les Biden.
Et dans un entretien téléphonique fin juillet, Donald Trump avait demandé au président ukrainien de "se pencher" sur le dossier et d'en discuter avec son avocat. C'est cet appel, rendu public après le signalement d'un mystérieux lanceur d'alerte, qui lui vaut aujourd'hui d'être menacé par une procédure de destitution.
Nouvelle audition vendredi
Nouvelle étape de l'enquête vendredi avec l'audition, à huis clos, de l'inspecteur général des services de renseignement, Michael Atkinson, qui a largement contribué à faire éclater l'affaire ukrainienne au grand jour.