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Iran: le gouvernement mobilise ses partisans

Les manifestations anti-gouvernementales se sont multipliées après la réélection de Mahmoud Ahmadinejad.
La répression a démarré lors de la fête chiite de l'Achoura.
Les arrestations d'opposants, incluant la soeur du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, se sont poursuivies mardi en Iran après les grandes manifestations antigouvernementales de l'Achoura. Les autorités ont appelé à des contre-manifestations mercredi dans tout le pays.

La participation massive de la population à ces rassemblements
va «humilier» ceux qui ont critiqué la répression des
manifestations de dimanche, a affirmé le président Mahmoud
Ahmadinejad. Il a qualifié ces manifestations de
«scénario-américano sioniste» et s'en est pris aux dirigeants
américains et britanniques.



«Ils vont voir que le peuple iranien, en se mobilisant sur le
terrain, va les déshonorer une nouvelle fois», et qu'ils seront
«encore plus humiliés» que les précédentes administrations
américaine et britannique, a déclaré Ahmadinejad.

Soeur de Shirin Ebadi arrêtée

Téhéran a également accusé la
Grande-Bretagne d'ingérence dans les affaires intérieures
iraniennes, et convoqué l'ambassadeur britannique. «Si elle ne
cesse pas ses bêtises, la Grande-Bretagne sera giflée», a lancé
pour sa part le chef de la diplomatie, Manouchehr Mottaki.



Les autorités ont poursuivi les arrestations d'opposants au
président Ahmadinejad, visant notamment journalistes et militants
des droits de l'homme mais aussi la soeur de Shirin Ebadi. La prix
Nobel, qui vit en exil et est très critique à l'égard du
gouvernement, a estimé qu'il s'agissait d'une tentative de pression
contre elle car sa soeur «n'avait aucune activité politique».

Sept journalistes arrêtés

Le site Rahesabz, principal forum de l'opposition réformatrice,
a annoncé sept nouvelles arrestations de journalistes, dont deux
dirigeants de l'Association des journalistes iraniens. La police a
aussi arrêté une militante des droits des femmes, ainsi que le
beau-frère de l'opposant Mir Hossein Moussavi.



Lundi, les autorités avaient arrêté au moins une quinzaine de
journalistes, défenseurs des droits de l'homme ou personnalités
proches des dirigeants de l'opposition. Ceux-ci, contre lesquels
plusieurs hauts responsables du régime avaient demandé lundi des
sanctions judiciaires exemplaires, ont reçu un nouvel
avertissement. L'ayatollah Abbas Vaez Tabasi, représentant
provincial du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a ainsi
affirmé qu'ils étaient des «ennemis de Dieu» qui méritaient la mort
en vertu de la loi islamique.

Manifestations pro-régime annoncées

Le président du Parlement Ali Larijani leur a enjoint de se
distinguer du mouvement «pernicieux» qui conteste la réélection de
M. Ahmadinejad en juin, et de s'abstenir à l'avenir de toute
critique. Le pouvoir se concentre sur deux dirigeants de
l'opposition, M. Moussavi, un ancien premier ministre, et
l'ex-président du Parlement Mehdi Karoubi.



Les manifestations de dimanche à Téhéran et dans plusieurs grandes
villes iraniennes, qui ont fait huit morts et des centaines de
blessés et d'arrestations, sont les plus importantes et les plus
violentes depuis celles qui avaient suivi en juin la réélection du
président Ahmadinejad. Pour y répondre, les autorités ont organisé
mardi des manifestations dans plusieurs villes du pays dénonçant
les «insultes» contre les valeurs religieuses.



La télévision a montré des milliers de manifestants à Tabriz,
Ispahan ou encore Machhad. Les autorités ont annoncé de nouveaux
rassemblements de population mercredi dans tout l'Iran «contre ceux
qui n'ont pas respecté les valeurs de l'Achoura», allusion à
l'opposition qui a profité de cette journée de deuil religieux
chiite pour organiser ses manifestations.



ats/ap/cht

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Concert de critiques internationales

Londres, tout comme Washington, Paris et d'autres capitales, a critiqué la répression meurtrière des rassemblements organisés dimanche par l'opposition à l'occasion de la fête de l'Achoura, date centrale du calendrier chiite.

Nicolas Sarkozy a condamné mardi soir "la répression sanglante" des manifestations en Iran, demandant "l'arrêt des violences, la libération de tous les opposants emprisonnés et le respect des droits de l'Homme". Le chef de l'Etat émet par ailleurs une mise en garde "contre des arrestations supplémentaires, qui aggraveraient encore la situation". Dans un communiqué, il estime que "le peuple iranien réclame pacifiquement le droit de s'exprimer librement et celui de choisir son destin. Comme à chaque fois qu'un peuple réclame la liberté et la justice, la France est à ses côtés".

Le président américain Barack Obama a pour sa part salué lundi soir «le courage et la conviction du peuple iranien», condamnant «la main de fer et la brutalité» du régime. Il est en train par ailleurs d'élaborer avec ses partenaires internationaux de nouvelles sanctions contre le régime des mollahs, pour tenter de l'obliger à abandonner ses activités nucléaires potentiellement militaires.

L'Iran cherche à importer de l'uranium du Kazakhstan

L'Iran cherche à importer 1350 tonnes d'uranium du Kazakhstan en violation des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU, selon un rapport des services de renseignements. Un tel accord serait important parce que Téhéran semble manquer de ce matériau nécessaire pour son programme d'enrichissement d'uranium.

Selon un résumé du rapport obtenu à Vienne par l'Associated Press mardi, l'accord pourrait être conclu dans les semaines qui viennent. Il affirme que Téhéran souhaiterait payer 450 millions de dollars pour cette cargaison. D'après un responsable du pays qui a rédigé le rapport, des employés du gouvernement du Kazakhstan agissant de leur propre initiative seraient impliqués dans ce projet d'accord.