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L'attaque de Paris apparaît préméditée et son auteur radicalisé

Tuerie à Paris: la piste terroriste est privilégiée. Il y a de très graves soupçons de fanatisme islamiste.
Tuerie à Paris: la piste terroriste est privilégiée. Il y a de très graves soupçons de fanatisme islamiste. / 19h30 / 2 min. / le 5 octobre 2019
L'auteur de l'attaque qui a tué jeudi quatre fonctionnaires de la préfecture de police de Paris "aurait adhéré à une vision radicale de l'islam" et était en contact avec des individus de la "mouvance islamiste salafiste", a indiqué samedi Jean-François Ricard, procureur antiterroriste.

Les premières investigations ont relevé son "approbation de certaines exactions commises au nom de cette religion", "son souhait de ne plus avoir certains contacts avec des femmes", "sa justification" des attentats de Charlie Hebdo en 2015, "son changement d'habitude vestimentaire depuis quelques mois", a déclaré le procureur antiterroriste lors d'une conférence de presse.

L'auteur, un informaticien de 45 ans qui travaillait depuis 2003 à la Direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP), abandonnait en effet "toute tenue occidentale au profit d'une tenue traditionnelle pour se rendre à la mosquée", a-t-il expliqué.

Les investigations ont aussi "permis de faire apparaître des contacts entre l'auteur des faits et plusieurs individus, susceptibles d'appartenir à la mouvance islamiste".

>> Lire aussi : La piste de la radicalisation privilégiée dans l'enquête sur l'attaque à Paris

Cet homme au casier judiciaire vierge mais qui avait fait l'objet d'une procédure pour violences conjugales en 2009 s'était converti à l'islam il y a "une dizaine d'années", a précisé Jean-François Ricard, qui a décrit dans le détail le parcours du tueur jeudi, évoquant une scène "d'une extrême violence".

Deux couteaux achetés le matin même

L'assaillant a acheté le matin même de l'attaque deux couteaux, un "couteau de cuisine métallique" de 33 centimètres, et "un couteau à huîtres", qu'il a dissimulés sur lui.

C'est à l'aide de ces couteaux qu'il a attaqué, entre 12h53 et 13h00, plusieurs de ses collègues, avant d'être abattu par un policier stagiaire dans la cour de la préfecture.

L'étude de la téléphonie de son épouse, dont la garde à vue, débutée jeudi, a de nouveau été prolongée samedi pour 48 heures, a révélé que le couple avait "échangé 33 SMS, le matin des faits entre 11h21 et 11h50".

"Au cours de cette conversation, l'auteur des faits a tenu des propos à connotation exclusivement religieuse qui se sont terminés par ces deux expressions: 'Allah akbar' puis 'suis notre prophète bien aimé, Muhammad, et médite le Coran'", a relaté le procureur.

Il aurait, selon les témoignages dans son entourage, tenu "des propos similaires dans la nuit", a-t-il aussi indiqué.

"Au coeur du dispositif"

Frédéric Esposito, directeur de l'Observatoire de la sécurité, UNIGE, a relevé dans le 19h30 que cet informaticien était au coeur du dispositif.

"Dans sa fonction d'informaticien, il s'occupait de récolter de l'information sur la radicalisation des djihadistes et avait accès au secret défense, ce qui est d'autant plus préoccupant que pour bénéficier de cet statut, vous devez montre patte blanche." 

>> Son interview complète dans le 19h30 :

Frédéric Esposito "Dans sa fonction d'informaticien, il était au coeur du dispositif et avait accès au secret défense."
Frédéric Esposito "Dans sa fonction d'informaticien, il était au coeur du dispositif et avait accès au secret défense." / 19h30 / 2 min. / le 5 octobre 2019

afp/ebz

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Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner critiqué

"Incompétence", "dissimulation", voire "scandale d'Etat": La droite et l'extrême droite réclament une enquête parlementaire sur la tuerie de la préfecture de police et la tête du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, la piste de la radicalisation islamiste étant désormais privilégiée.

Les Républicains et le Rassemblement national fustigent les propos du ministre, déjà mis sous pression à plusieurs reprises depuis son arrivée à Beauvau à l'automne 2018. Il a indiqué après la tuerie jeudi que cet employé, en poste à la PP depuis 2003, "n'avait jamais présenté de difficultés comportementales", ni "le moindre signe d'alerte".

Depuis, le parquet national antiterroriste (Pnat) s'est saisi vendredi de l'enquête.

Hommage mardi en présence d'Emmanuel Macron

Une cérémonie en hommage aux victimes de la tuerie qui a fait cinq morts jeudi, dont l'assaillant proche de la "mouvance salafiste", se tiendra mardi à 11H00 à la préfecture de police de Paris en présence d'Emmanuel Macron, a annoncé samedi l'Elysée.

Les détails de l'organisation de la cérémonie après ce qu'Emmanuel Macron a qualifié de "véritable drame", seront fournis par la présidence lundi en fin de matinée, a précisé l'Elysée.