"J'avais dit: donnons aux grandes puissances deux à trois mois
pour conclure un accord d'échange d'uranium, s'ils ne sont pas
d'accord nous commencerons nous-mêmes" à produire de l'uranium
hautement enrichi, a déclaré Mahmoud Ahmadinejad.
"Commencez à produire!"
L'allocution avait lieu lors de l'inauguration d'une exposition
consacrée à la technologie laser. "Maintenant, Dr Salehi, commencez
à produire de l'uranium (enrichi) à 20% avec nos centrifugeuses",
a-t-il ajouté en s'adressant au chef de l'OIEA présent dans la
salle à ses côtés.
Mardi dernier, Ahmadinejad avait annoncé que l'Iran était disposé
à envoyer son uranium enrichi à 3,5% à l'étranger pour qu'il soit
transformé en combustible enrichi à 20% pour le réacteur médical de
Téhéran. Trois jours plus tard, le ministre iranien des Affaires
étrangères, Manouchehr Mottaki, avait estimé qu'un accord sur le
traitement à l'étranger de l'uranium iranien faiblement enrichi
n'était "pas trop lointain".
Plusieurs capitales occidentales accusent l'Iran de chercher à
produire l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire
civil, ce que dément l'Iran. La question de l'enrichissement
d'uranium est au coeur de ce différend car si l'uranium faiblement
enrichi (entre 3 et 5%) est utilisé comme combustible dans les
centrales nucléaires, le minerai enrichi à 90% peut permettre de
fabriquer une arme nucléaire.
"Nous avons la capacité"
L'Iran cherche actuellement à produire de l'uranium enrichi à
20% pour alimenter son réacteur de recherche médicale de Téhéran.
"Nous avons encore dit récemment: faisons un échange (ndlr:
d'uranium faiblement enrichi iranien contre du combustible enrichi
à 20% par les grandes puissances), bien que nous soyons capables de
produire de l'uranium à 20%", a poursuivi le président
iranien.
"Mais (les grandes puissances) ont commencé à jouer avec nous,
même si elles ont commencé à envoyer récemment des messages disant
qu'elles voulaient trouver une solution", a-t-il expliqué. "La
porte reste ouverte aux discussions, nous ne l'avons pas fermée", a
ajouté le président en précisant toutefois qu'un éventuel échange
de combustible nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances
devrait être "inconditionnel".
Mahmoud Ahmadinejad a pas ailleurs affirmé que Téhéran avait
désormais "la capacité d'enrichir de l'uranium à n'importe quel
niveau grâce à la technologie des lasers", qui vient s'ajouter à
celle de la centrifugation utilisée actuellement par Téhéran pour
produire de l'uranium faiblement enrichi.
agences/cer
Des doutes dans la communauté internationale
Samedi lors de la Conférence internationale sur la sécurité de Munich, il a été avant tout question du dossier nucléaire iranien.
Les Etats-Unis et l'Allemagne ont ouvertement douté de la bonne volonté de Téhéran à mettre fin à son bras de fer avec les grandes puissances à ce sujet.
"Je n'ai pas le sentiment que nous soyons proches d'un accord", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Robert Gates lors d'une visite en Turquie. Il a jugé que l'Iran n'avait rien fait pour "rassurer la communauté internationale" et a ajouté que celle-ci devait "se demander si le temps n'est pas venu de choisir une autre voie.
"Notre main est toujours tendue vers eux. Mais jusqu'ici elle est tendue vers le néant. Et je n'ai rien vu depuis hier qui me fasse changer de point de vue", a renchéri le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle.
Vendredi, ce dernier avait adopté un ton plus dur, accusant l'Iran d'"obstruction systématique" et exigeant des "actions concrètes".
Proposition déjà refusée en novembre
L'Iran avait rejeté en novembre une proposition du groupe des six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) sur l'envoi de la plus grande partie de son stock d'uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour y être transformé en combustible enrichi à 20%.
Cette proposition visait à apaiser les craintes occidentales.