"Ce que nous faisons, c'est retirer quelques soldats déployés à la frontière, un tout petit nombre, sur une toute petite distance", a dit ce haut responsable du département d'Etat américain à des journalistes.
L'annonce initiale d'un retrait des troupes américaines a été interprétée comme un feu vert à une opération militaire de la Turquie contre les combattants kurdes dans le nord-est de la Syrie. Vivement critiqué pour son annonce, Donald Trump a ensuite menacé Ankara dans un tweet: "Si la Turquie fait quoi que ce soit dont j'estime, dans ma grande et inégalable sagesse, que cela dépasse les bornes, je détruirai et anéantirai complètement [son] économie."
Simple "décision tactique" évoquée
Le haut responsable américain a assuré que Donald Trump avait clairement dit à son homologue turc Recep Tayyip Erdogan que les Etats-Unis ne soutenaient pas une telle opération. Selon lui, le chef de l'Etat turc pensait pouvoir obtenir un soutien militaire du président Trump, et a été surpris par sa réponse négative.
Le retrait limité viserait d'ailleurs à éviter que les troupes américaines près de la frontière ne soient prises dans d'éventuels combats entre les Turcs et les Kurdes. "Nous ne voulions pas que la présence de ces troupes soit interprétée comme un soutien à cette opération, et nous ne voulions pas non plus donner l'impression d'essayer de stopper l'avancée turque. Du coup, la meilleure chose à faire était de retirer ces soldats", a-t-il dit, évoquant une simple "décision tactique".
"Au-delà de cela, notre posture militaire n'a pas changé dans le nord-est" de la Syrie, a-t-il assuré.
Cette posture militaire reste toutefois confuse. Donald Trump a annoncé en décembre 2018 le retrait de toutes les forces américaines de Syrie, avant d'accepter, sous la pression internationale et même de ses conseillers, de maintenir une "force résiduelle".
"Il a dit à plusieurs reprises (...) que ce retrait se poursuivait", "mais à ce stade, il n'y pas de décision de retirer le reste des forces américaines du nord-est de la Syrie", a assuré ce responsable.
Possible résurgence de l'EI
Les Forces démocratiques syrienne (FDS) ont averti qu'une opération militaire turque entraînerait une résurgence majeure du groupe djihadiste Etat islamique (EI), et annulerait "des années de combats fructueux".
Les chefs de l'EI encore en vie pourraient sortir de leur cachette, selon les FDS, pour qui une opération turque menacerait aussi les prisons et les camps qu'elles gèrent et qui abritent de nombreux djihadistes et leurs familles.
"La Turquie va continuer de se battre contre Daech et ne le laissera pas revenir, que ce soit sous une forme ou une autre", a déclaré pour sa part le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin.
La Turquie à bout de patience
Recep Tayyip Erdogan avait affirmé mardi que la Turquie arrivait à bout de sa patience vis-à-vis des Etats-Unis au sujet de la création d'une "zone de sécurité" dans le nord de la Syrie. Et il avait menacé d'une opération militaire imminente.
Cette zone tampon doit être créée entre la frontière turque et les zones syriennes contrôlées par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des FDS.
Ankara considère cette milice comme une organisation "terroriste" et voit d'un mauvais oeil le projet d'autonomie à sa frontière, par crainte qu'un noyau d'Etat kurde ne galvanise les velléités séparatistes sur son propre sol.
agences/gma/ani
L'ONU se prépare au pire
Les Nations unies ont fait part lundi de leur inquiétude concernant une offensive d'Ankara contre les forces kurdes. "Nous ne savons pas ce qui va se passer. Nous nous préparons au pire", a déclaré le coordinateur humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Panos Moumtzis, lors d'une conférence de presse à Genève.
Mise en garde de l'Union européenne
L'Union européenne a mis en garde lundi contre une offensive de la Turquie dans le nord-est de la Syrie, car "une reprise des hostilités saperait les efforts engagés pour une résolution de ce conflit", a déclaré lundi une porte-parole de la diplomatie européenne.
"Toute reprise des hostilités exacerbera les souffrances du peuple syrien, entraînera des déplacements de populations et sapera les efforts politiques engagés pour résoudre ce conflit", a expliqué Maja Kocijancic, porte-parole de Federica Mogherini.