Les questions sensibles ne manquent pas, notamment sur les rôles que la Danoise doit conjuguer. Margrethe Vestager reste gendarme de la concurrence, mais elle devient en plus responsable de la stratégie numérique européenne.
Elle doit donc d'un côté mettre au pas les géants du web, souvent américains, qui abusent de leur position dominante et de l'autre promouvoir les entreprises européennes, concurrentes, de la branche.
Pour Markus Ferber, eurodéputé conservateur bavarois, l’indépendance de la commissaire à la concurrence est menacée. "Le conflit d’objectifs est évident. À la place de Google, je saisirais immédiatement la Cour européenne de justice pour remettre en cause certaines sanctions. Google pourrait dire que Margrethe Vestager poursuit différents intérêts et qu'elle n'est plus uniquement commissaire à la concurrence", indique-t-il.
Le monopole Google
Google attaque déjà les décisions de la Commission sous cet angle, répondent les alliés politiques de Margrethe Vestager. D'après Dominique Riquet, eurodéputé français macroniste, l’Europe a besoin de cette super-commissaire à la concurrence et au numérique.
"La situation de Google est monopolistique, notamment sur les moteurs de recherche: ils représentent 97% du marché en Occident. Et donc, on sait très bien que l’émergence éventuelle d’entreprises européennes dans le numérique est réglée, soit parce qu’elles sont 'écrasées' par le monopole mondial des Américains, ou parce qu’elles sont purement et simplement rachetées", explique Dominique Riquet.
Défendre la concurrence et promouvoir l’Europe numérique: ces deux missions forment peut-être les deux faces d’une même médaille. Mais il faudra toute l’habileté de Margrethe Vestager pour en faire une évidence.
Guillaume Meyer/gma