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Trump promet de punir la Turquie si elle "dépasse les bornes" en Syrie

Aux Etats-Unis la confusion règne suite à la décision de Donald Trump concernant ses troupes à la frontière turco-syrienne.
Aux Etats-Unis la confusion règne suite à la décision de Donald Trump concernant ses troupes à la frontière turco-syrienne. / 12h45 / 1 min. / le 8 octobre 2019
Après avoir laissé le champ libre à une offensive turque contre les forces kurdes en Syrie, Donald Trump a fait marche arrière lundi dans la confusion et sous la pression internationale et de son propre camp. Il a alors mis la Turquie en garde contre tout excès.

"Si la Turquie fait quoi que ce soit que j'estime, dans ma grande et inégalable sagesse, dépasser les bornes, je détruirai et anéantirai complètement l'économie de la Turquie", a tweeté le président des États-Unis.

Les responsables de son gouvernement se sont de leur côté employés à se démarquer de toute opération militaire d'Ankara et à minimiser le départ des soldats américains déployés près de la frontière turque: il ne s'agit que de 50 à 100 membres des forces spéciales qui sont "redéployés vers d'autres bases à l'intérieur de la Syrie", et en aucun cas d'un "retrait" généralisé.

>> Lire : Erdogan envisage de réinstaller deux à trois millions de réfugiés en Syrie

Dans la foulée d'un coup de fil entre Donald Trump et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, la Maison Blanche avait pourtant créé la surprise dimanche soir en annonçant le retrait des forces américaines stationnées dans cette région. Elle avait justifié cette décision par le fait que la Turquie s'apprêtait à mettre en oeuvre "son opération prévue de longue date" contre les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple, pourtant alliées de Washington dans la lutte contre les djihadistes.

Erdogan et la menace d'une offensive "sans prévenir"

Le président Erdogan, lui, a averti que son offensive pourrait désormais être lancée "sans prévenir". Il renforce ainsi le sentiment qu'Ankara avait reçu une forme de "feu vert" des Etats-Unis, bien que les responsables américains martèlent désormais ne jamais l'avoir donné.

Ils confirment aussi que les Etats-Unis n'y feront pas barrage militairement. Pour l'instant, ils tentent de faire pression sur la Turquie en menaçant de représailles économiques, et en affirmant qu'en cas d'offensive, les autorités turques seraient "pleinement responsables" de la situation humanitaire en Syrie.

>> Ecouter dans Forum l'interview de Marc Pierini, ancien ambassadeur européen à Ankara et expert de la Turquie à l’Institut Carnegie de Bruxelles :

Le président turc Recep Tayyip Erdogan. [EPA/Keystone - Turkish President Office]EPA/Keystone - Turkish President Office
Ankara se dit prête à mener une opération militaire en Syrie: interview de Marc Pierini / Forum / 5 min. / le 8 octobre 2019

agences/jvia

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Critiques internationales

La vague de réprobation n'a pas tardé aux Etats-Unis, jusque dans le camp du président républicain. Mais le reste de la communauté internationale a aussi mis en garde contre les conséquences d'une offensive turque.

L'ONU, par exemple, dit se "préparer au pire" en cas de nouvelle crise humanitaire en Syrie, où le conflit a fait depuis 2011 des millions de déplacés et réfugiés et a coûté la vie à plus de 370'000 personnes.

La France a elle aussi exhorté la Turquie à "éviter une initiative" qui nuirait à la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique. Elle a aussi plaidé pour que la détention des djihadistes étrangers, dont de nombreux Français, dans les camps du nord-est syrien sous contrôle kurde reste "sûre".

L'Iran "s'oppose" à l'action militaire turque en Syrie

Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif a exprimé lundi soir à son homologue turc Mevlut Cavusoglu l'"opposition" de Téhéran à une "action militaire" turque en Syrie, selon un communiqué officiel.

Au cours d'un entretien téléphonique avec Mevlut Cavusoglu, Mohammad Javad Zarif a également appelé "au respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté" de la Syrie, après que le président américain Donald Trump eut semblé ouvrir la voie à une opération militaire turque dans le nord de la Syrie.