A peine rentré de ses vacances, bouleversées par la tentative
d'un jeune Nigérian de faire sauter un vol Amsterdam-Detroit le 25
décembre, Barack Obama doit s'entretenir avec les dirigeants des
principaux services et ministères pour faire le point sur
l'enquête.
Ministres et chefs du FBI et de la CIA
La Maison Blanche a communiqué lundi soir la liste des
participants à la réunion, notamment les ministres des Affaires
étrangères Hillary Clinton, de la Défense Robert Gates, de la
Sécurité intérieure Janet Napolitano, de la Justice Eric Holder et
de l'Energie Steven Chu. Y participeront aussi le directeur du
renseignement Dennis Blair, celui de la CIA Leon Panetta et celui
du FBI Robert Mueller, ainsi que le général James Jones, conseiller
à la Sécurité nationale, et John Brennan, conseiller en matière de
lutte anti-terroriste.
Plus de huit ans après les attentats du 11 Septembre et malgré des
milliards de dollars investis, les services américains ont subi un
grave revers lorsque le jeune Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab a
réussi à monter à bord d'un avion avec des explosifs. Sa bombe
artisanale n'a pas totalement fonctionné.
Le père du Nigérian avait donné l'alerte
L'enquête a montré que le père de ce musulman de 23 ans avait
alerté en novembre la diplomatie américaine au sujet de son fils.
Mais ces informations transmises aux services de renseignement
n'ont pas été recoupées ni partagées par les différentes
administrations. Le suspect n'a pas été placé sur la liste des
personnes interdites de vol à destination des Etats-Unis et son
visa n'a pas été révoqué.
Selon le Washington Post et le New York Times, des communications
électroniques en provenance du Yémen, où le suspect a séjourné,
avaient été interceptées par l'Agence de sécurité nationale (NSA)
et indiquaient qu'un Nigérian était entraîné pour une mission
d'Al-Qaïda. D'autres communications évoquaient un projet d'attentat
à Noël. Dimanche, John Brennan a toutefois noté qu'aucune "preuve
flagrante" n'aurait permis de prévoir l'attentat raté.
La semaine dernière, Barack Obama a jugé "totalement inacceptable
(...) l'échec du dispositif" de sécurité avant d'annoncer la
réunion de mardi, destinée à "faire le point sur les enquêtes et
sur les améliorations qu'il convient d'apporter en matière de
sécurité et d'échanges de renseignements". Le manque de coopération
et de communication entre les agences de renseignement avait déjà
été dénoncé après le 11 Septembre.
Des démissions en vue?
Certains médias américains spéculaient lundi sur la possibilité
que Barack Obama exige des démissions. "Le renseignement et la
collecte d'informations seront toujours difficiles et ne débouchent
pas toujours sur des données complètes et il (le président) le
comprend", a expliqué un haut responsable américain s'exprimant
sous couvert de l'anonymat.
"Mais en même temps, lorsque nous avons des informations de bonne
qualité, on ne tolérera pas que ces informations ne soient pas
partagées", a ajouté ce responsable. Alors que la réunion de mardi
doit aussi examiner le renforcement de la sécurité des transports
aériens, Washington a révisé en profondeur ses listes de personnes
surveillées voire interdites de vol: "il y a eu sans doute des
milliers de noms" passés en revue, et "sans doute des dizaines qui
ont été déplacés sur d'autres listes", a expliqué lundi un
porte-parole de Barack Obama.
Des contrôles accrus de l'intégralité des passagers originaires ou
en provenance de pays considérés comme des soutiens au terrorisme
ont déjà été annoncés dimanche et sont entrés en vigueur lundi aux
Etats-Unis.
afp/mej
Une menace d'assassinat durant l'investiture il y a un an
Les services de renseignement américains craignaient qu'un groupe de Somaliens ne fassent exploser une bombe lors de la cérémonie de prestation de serment du président Barack Obama en janvier de l'an dernier, selon le New York Times de lundi.
La cérémonie s'est déroulée sans incident sur les marches du Capitole à Washington le 20 janvier 2009, mais la menace a été prise suffisamment au sérieux pour qu'un plan soit mis en place, envisageant jusqu'au remplacement du chef de l'Etat en cas d'assassinat.
Le New York Times cite des responsables des services de renseignement qui auraient eu de bonnes raisons de croire qu'un groupe de Somaliens en provenance du Canada allait faire exploser une bombe pendant la cérémonie, diffusée par les télévisions du monde entier.
"Tous les éléments indiquent qu'il y avait une menace réelle, impliquant des individus venus de l'étranger", a déclaré au journal Juan Carlos Zarate, ancien conseiller de l'ex-président George W.Bush en matière de terrorisme. Le jour même de l'investiture, un porte-parole du ministère de la Sécurité intérieure avait indiqué que les services de renseignement américains enquêtaient sur une menace terroriste "potentielle".
Toutefois, "ces informations sont peu spécifiques et leur crédibilité est incertaine", avait alors indiqué ce porte-parole, Russ Knocke. Un responsable du ministère de la Sécurité intérieure s'exprimant sous le couvert de l'anonymat avait pour sa part affirmé le 20 janvier que cette menace serait liée aux shebab somaliens, des insurgés islamistes radicaux.
Dans son édition en ligne, le New York Times raconte que par précaution, la Maison Blanche avait décidé que le secrétaire à la Défense Robert Gates -nommé par George W.Bush et maintenu à son poste par Barack Obama- succéderait à Barack Obama, au cas où ce dernier serait assassiné.
Pendant la prestation de serment, Robert Gates avait d'ailleurs été mis à l'abri, dans un endroit tenu secret, rappelle le quotidien.
L'ambassade américaine rouverte au Yémen
L'ambassade des Etats-Unis, fermée depuis dimanche pour des raisons de sécurité, a rouvert ses portes mardi au Yémen.
Washington et Londres avaient fermé leurs ambassades à Sanaa, invoquant des menaces de la branche locale d'Al-Qaïda au Yémen. La France avait fait de même et l'ambassade restait fermée mardi.
L'ambassade américaine a précisé mardi que des opérations antiterroristes yéménites s'étaient déroulées avec succès et lui permettaient de reprendre ses activités.
Selon elle, des informations crédibles faisaient état de l'imminence probable d'attaques terroristes à Sanaa.