Les avocats du cinéaste avaient pressé le juge Peter Espinoza de
condamner Roman Polanski sans que ce dernier ne soit extradé vers
le territoire américain. Lors d'une audience vendredi, le magistrat
a rejeté la demande.
"Je choisis d'insister (pour que Roman Polanski soit présent) pour
défendre l'intégrité du système judiciaire. Il doit être présent",
a dit le juge Espinoza. «J'ai clairement dit qu'il devait se
rendre. La requête est rejetée».
Polanski est un "fugitif"
Le magistrat s'est ainsi rangé à l'avis du procureur adjoint
David Walgren qui avait estimé que "l'accusé est un fugitif. Il ne
devrait pas, en fait il ne doit pas pouvoir dicter à ce tribunal,
ou à un quelconque tribunal que ce soit, les conditions" dans
lesquelles la Justice doit fonctionner.
Les avocats du cinéaste ont annoncé immédiatement après qu'ils
allaient faire appel de cette décision. "Cela m'attriste de le dire
mais il (Polanski) ne fait pas confiance au système (judiciaire
américain) et ce système ne lui a donné aucune raison de lui faire
confiance", a déclaré Chad Hummel, l'un des représentants du
cinéaste.
Me Hummel a exhorté le juge Espinoza à respecter la promesse du
juge de l'époque, Laurence Rittenband, qui est décédé depuis, de ne
pas renvoyer Polanski en prison. Le cinéaste risque une peine
maximale de deux ans de prison.
Soutien de la victime
Vendredi, la victime, Samantha Geimer, avait apporté son soutien
à la requête des avocats de Roman Polanski. Un de ses avocats a
également demandé à ce que soit retirée la demande d'extradition
qui vise Roman Polanski, actuellement assigné à résidence dans son
chalet de Gstaad (BE).
Lawrence Silver, qui représente Samantha Geimer, fait valoir que
le parquet n'avait pas prévenu sa cliente avant de demander
l'extradition du cinéaste, ce qui constitue selon Me Silver une
"violation" de la Constitution de l'Etat de Californie.
ats/cab
Rappel de l'affaire
Roman Polanski a été arrêté le 26 septembre à Zurich sur mandat d'arrêt américain.
En mars 1977, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, et déjà réalisateur mondialement reconnu, avait eu une relation sexuelle avec une jeune fille alors âgée de treize ans, en marge d'une séance de photographie chez l'acteur Jack Nicholson.
Au cours de son procès pour viol, Roman Polanski avait plaidé non coupable avant de changer de stratégie et de reconnaître le détournement de mineure.
Mais le cinéaste s'était finalement enfui des Etats-Unis en 1978 avant le prononcé de sa sentence, craignant d'être lourdement condamné en dépit de ses aveux. Il n'est jamais retourné aux Etats-Unis depuis.
En décembre dernier, une cour d'appel californienne avait rejeté la demande d'abandon des poursuites déposée quelques semaines plus tôt par les avocats du réalisateur. Les hommes de loi dénonçaient de graves erreurs de procédure au moment des faits.