Selon la version officielle citée par l'agence égyptienne MENA, les tirs ont eu lieu dans une rue commerçante où des coptes faisaient leurs courses de Noël. Des témoins ont toutefois assuré que l'attaque a visé d'abord des coptes à leur sortie de la messe de minuit organisée dans l'église principale de Nagaa Hamadi dans le gouvernorat de Qena, à quelque 700 km au sud du Caire.
Anba Kirolos, évêque copte de la ville, a raconté pour sa part à l'AFP: "nous avons terminé la messe à 23H00 (21H00 GMT) et je me suis dirigé vers l'évêché, où j'ai vu un homme à bord d'une voiture en train de tirer à l'arme automatique contre tous les coptes qui passaient devant le bâtiment de l'évêché". L'homme "a ensuite continué à tirer dans les rues de la ville sur les coptes", a poursuivi Mgr Kirolos, en faisant état de cinq blessés dans un état grave.
Heurts avec la police
Des heurts ont eu lieu jeudi matin entre la police et plus de 2000 manifestants coptes regroupés près de l'hôpital où avaient été transférés les corps, selon des sources policières et des témoins. Les manifestants ont lancé des slogans comme "non à l'oppression" ou "ô croix, nous te défendrons par notre âme et notre sang".
Ils ont lancé des pierres sur la police qui a répondu avec des gaz lacrymogènes et des lances à incendie. La situation s'est calmée en fin de matinée, avant les funérailles qui ont débuté dans l'après-midi en présence d'une foule de quelque 5000 personnes.
Acte de vengeance?
Selon les services de sécurité, "le principal assaillant serait un habitant de la ville qui s'appelle Mohamed Ahmed Hussein connu des services de police". Mgr Kirolos a pour sa part assuré que l'homme était déjà "fiché" par la police mais bénéficiait de protections politiques. La fusillade pourrait être liée, selon les services de sécurité, à l'enlèvement début novembre d'une fillette musulmane de 12 ans par un jeune copte qui l'aurait agressée sexuellement.
Cet incident, qui avait eu lieu à Farchout, près de Nagaa Hamadi, avait provoqué la colère des musulmans qui avaient incendié des maisons et des pharmacies appartenant à des coptes dans la localité. Mgr Kirolos a assuré à ce sujet que depuis une semaine, des chrétiens de la ville recevaient des menaces sur leurs téléphones portables affirmant que les musulmans allaient "venger le viol de la fillette lors de la fête de Noël".
afp/cab
Tension accrue
Cette attaque risque d'attiser les inquiétudes de la communauté chrétienne copte en Egypte, qui constitue environ 8% des 80 millions d'Egyptiens.
Les coptes se plaignent déjà depuis plus de vingt ans de discriminations et de harcèlement systématiques.
Ils protestent également contre leur mise à l'écart de certains postes-clés au sein de l'armée, de la police, de la justice ou des universités.
Pas les premières violences
Plusieurs heurts ont eu lieu au cours des dernières années entre musulmans et coptes dans différentes régions d'Egypte, le plus souvent en raison du refus des musulmans de voir les coptes construire de nouvelles églises ou agrandir celles existantes.
Les tensions surgissent fréquemment également en raison de liaisons amoureuses entre couples coptes et musulmans.
Les coptes ont été aussi l'une des cibles privilégiées de la vague de violences islamistes que l'Egypte a connue tout au long des années 1990.