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Le tireur de Halle voulait "commettre un massacre" dans la synagogue

Une fusillade visant une synagogue fait deux morts à Halle. [EPA/Keystone - Filip Singer]
Allemagne: forte émotion après l’attaque contre la synagogue à Halle / Le 12h30 / 1 min. / le 10 octobre 2019
L'Allemand de 27 ans qui a abattu deux personnes mercredi à Halle voulait "commettre un massacre" dans la synagogue où des Juifs célébraient la fête de Yom Kippour, a indiqué jeudi le procureur fédéral allemand, Peter Frank.

"Ce qui s'est passé hier, c'était du terrorisme", a déclaré le procureur fédéral devant la presse à Karlsruhe, ajoutant que le jeune homme "avait l'intention de commettre un massacre" dans l'édifice religieux, dont il n'a pas réussi à forcer la porte.

Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, porte une gerbe de fleurs devant la synagogue de Halle, le 10 octobre 2019. [Reuters - Hannibal Hanschke]
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, porte une gerbe de fleurs devant la synagogue de Halle, le 10 octobre 2019. [Reuters - Hannibal Hanschke]

Il a décrit le jeune homme identifié seulement par "Stephan B." comme "marqué par un antisémitisme effrayant, une haine de l'étranger".

Le procureur a précisé que le tireur était "lourdement armé" au moment de commettre son forfait et que certaines de ses armes étaient "à vue d'œil de fabrication artisanale". Dans sa voiture quelque quatre kilos d'explosifs ont également été retrouvés. "Il voulait entrer dans la synagogue pour tuer plusieurs personnes", a-t-il encore dit.

L'assaut, filmé, a fait deux morts mercredi. Il a été diffusé en direct pendant 35 minutes sur une plateforme internet, via une caméra sur le casque de Stephan B..

Un "manifeste" antisémite

L'assaillant a manifestement pris pour modèle l'Australien d'extrême droite responsable d'une tuerie dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande en mars.

>> Lire : L'auteur présumé des attaques de Christchurch plaide non coupable

Il a également publié avant l'attentat un "manifeste" antisémite dans lequel il fait part de son objectif de "tuer autant d'anti-Blancs que possible, de préférence des Juifs".

Stephan B. a été décrit par ses proches comme solitaire, vivant encore chez sa mère et obsédé par internet. "Il n'était en paix ni avec lui-même ni avec le monde, il blâmait toujours les autres", a raconté son père au quotidien Bild.

80 fidèles rassemblés pour Yom Kippour

Mais le bilan aurait pu être beaucoup plus lourd si la porte fermée à double tours de la synagogue, où priaient environ 80 fidèles en plein Yom Kippour, la plus grande fête religieuse juive – aussi appelé le Jour du Grand Pardon – n'avait pas résisté aux coups de fusil de l'assaillant.

La ministre de la Justice, Christine Lambrecht, a souligné de son côté que l'attaque était "un attentat d'extrême droite" commis par une seule personne.

Mieux protéger

"Nous devons considérablement renforcer les forces de sécurité", a souligné Host Seehofer, le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse à Halle alors que des représentants de la communauté juive ont vivement mis en cause la police qui ne protégeait pas la synagogue mercredi, jour de la grande fête de Yom Kippour.

Le ministre a ainsi promis que les synagogues et lieux de culte juifs seraient "mieux protégés" à l'avenir. Ce qui s'est produit mercredi à Halle constitue une "honte pour le pays tout entier. Avec notre histoire, une telle chose ne doit pas arriver", a-t-il fait valoir (lire encadrés).

afp/sjaq

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Angela Merkel promet une "tolérance zéro"

Angela Merkel a promis jeudi la plus grande fermeté face à l'extrémisme de droite au lendemain de l'attentat antisémite de Halle en Allemagne.

Il faut "utiliser tous les voies de l'Etat de droit pour combattre la haine, la violence", a affirmé la chancelière allemande, en promettant une "tolérance zéro".

"Nous devons protéger" les juifs en Allemagne, a affirmé jeudi le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier, conscience morale du pays, face aux critiques de cette communauté, qui ne s'estime pas assez protégée. L'attentat de Halle est "un jour de honte et d'opprobre" pour l'Allemagne, 75 ans après la Shoah, a reconnu le président, qui s'exprimait devant la synagogue de Halle.

Angela Merkel, elle-même cible régulière de l'ultra droite pour sa politique généreuse d'accueil des migrants en 2015 et 2016, a exhorté les extrémistes à surveiller leurs "paroles" qui peuvent "se transformer en actes".

Une mise en cause indirecte du mouvement politique d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), en forte progression dans l'opinion et qui entend prendre ses distances sur la repentance allemande pour les crimes nazis.

La communauté juive d'Allemagne inquiète

Décimée par l'Holocauste, la communauté juive allemande est en plein essor en Allemagne à la faveur de l'arrivée depuis le début des années 1990 de nombreux juifs de l'ex-URSS.

Elle compte 225'000 membres, soit la troisième plus grande communauté juive en Europe, derrière la France et la Grande-Bretagne, selon la chercheuse Niele Wissmann.

Mais la recrudescence des actes antisémites dans le pays inquiète. L'an dernier, ils ont augmenté de près de 20% par rapport à 2017 pour atteindre le chiffre de 1799, selon les statistiques de la police. La mouvance néonazie est à l'origine d'une bonne partie d'entre eux, dans un contexte d'essor continu de l'extrême droite politique en Allemagne.

"Nous devons constituer un front uni contre les néo-nazis et autres groupes extrémistes. Le fait qu'ils gagnent en influence en Allemagne 75 ans après l'Holocauste en dit long", a dit le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder.

Pour la quotidien Süddeutsche Zeitung, l'attaque de Halle fait "ouvrir brutalement les yeux sur ce qu'est devenu entre-temps le terrorisme d'extrême droite" en Allemagne.