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Scènes de pillage et de rébellion à Port-au-Prince

Une famille de sinistrés attend l'arrivée de l'aide et protège l'un des siens, blessé.
Une famille de sinistrés attend l'arrivée de l'aide et protège l'un des siens, blessé.
La situation était tendue vendredi en Haïti. Alors que l'aide internationale continuait d'affluer, il était difficile de coordonner les secours. A Port-au-Prince, des actes de pillage ont été constatées, notamment dans un entrepôt de vivres de l'ONU. On ne dispose toujours pas de bilan des victimes.

Signe inquiétant de l'irritation face aux retards de l'aide
d'urgence, des habitants de Port-au-Prince en colère ont bloqué
jeudi certaines rues de la capitale avec des cadavres. Un
photographe du magazine Time, a dit avoir vu au moins deux rues
bloquées avec les cadavres de victimes séisme. L'espoir de retrouver des survivants s'amenuisait d'heure en heure jeudi pour les
secouristes, qui se décourageaient.

Entrepôts de l'ONU pillés

Des scènes de pillage ont en outre été signalées dans le
quartier de l'une des principales artères de la capitale. De son
côté, le programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM) a annoncé que
ses entrepôts de Port-au-Prince, à Haïti, ont été pillés, sans
pouvoir précisé dans quelles proportions. La porte-parole du PAM
Emilia Casella a indiqué vendredi qu'il y avait 15'000 tonnes de
nourriture dans la capitale haïtienne, soulignant que les pillages
étaient normaux en situation d'urgence.



Les magasins d'alimentation "ont été vidés" depuis le séisme de
mardi. Les Nations unies tentent de réunir des repas tout prêts
pour nourrir deux millions d'Haïtiens en un mois.

Aide monétaire promise

Les gouvernements et donateurs ont déjà promis une aide de 268
millions de dollars (autant de francs), a indiqué vendredi le
Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU. Les Etats-Unis ont
débloqué cent millions, la Banque mondiale cent millions. Un appel
de fonds doit être lancé d'ici la fin de la journée.



Selon le bilan provisoire de l'ONU, outre les Etats-Unis et la
Banque mondiale, la Suisse a promis 1,9 million, la Commission
européenne 4,3 millions, le Fonds d'urgence de l'ONU dix millions,
l'Australie 9,3, le Brésil cinq, la Grande-Bretagne dix, le Canada
4,8 millions. La Chine a promis un million, le Danemark 1,9, la
Finlande 1,8, l'Allemagne 2,1, l'Italie 1,4, les Pays-Bas 2,9,
l'Espagne 4,3 millions, la Suède 850'000 dollars.

Les médicaments et la nourriture manquent

Les
Nations unies ont estimé vendredi que 10% des bâtiments de
Port-au-Prince ont été détruits par le séisme. La capitale
haïtienne compte au moins 300'000 sans abris.



Les villes de Jacmel et Carrefour, au sud-ouest, sont également
très endommagées. Un pont aérien est en train d'être établi entre
l'aéroport de Saint-Domingue et Port-au-Prince, a indiqué la
porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU,
Elisabeth Byrs.



Une navette avec une capacité de 30 à 40 passagers est également
prévue entre les deux aéroports. "Il n'y a plus besoin d'équipes de
recherches en cas de catastrophes. Dix-sept sont déployées sur le
terrain et six doivent encore arriver", a précisé la porte-parole.
"Il n'est pas possible d'en accueillir davantage. Nous devons
éviter la congestion de l'aéroport", a-t-elle expliqué.



Plusieurs hôpitaux de campagne sont arrivés ou en train d'arriver.
Il n'y en a pas besoin d'autres, a ajouté cette porte-parole. Par
contre, il faut d'urgence des médicaments et du personnel médical
supplémentaire ainsi qu'une aide alimentaire.

Bilan très incertain

La Croix-Rouge haïtienne
a évalué le nombre de tués entre 45'000 et 50'000, tandis que plus
de trois millions d'autres -soit un tiers de la population du pays-
ont été blessées ou sont sans-abri.



Selon les secouristes, le bilan des victimes devrait s'alourdir si
les blessés ne bénéficient pas rapidement d'une assistance
médicale.



Toute la journée, des milliers de personnes ont erré au milieu
d'une odeur de putréfaction dans les rues de Port-au-Prince,
pleines de corps sans vie gisant sur les trottoirs et les bas-côtés
tandis que d'autres restaient coincés sous les décombres.

Obama et Sarkozy s'engagent

Les présidents américain et français, Barack Obama et Nicolas
Sarkozy, "avec le Brésil, le Canada et d'autres pays directement
concernés, ont décidé de travailler ensemble, sans délai, à la
préparation d'une conférence internationale pour la reconstruction
et le développement d'Haïti", a annoncé jeudi soir l'Elysée.



Cette décision a été prise au cours de l'entretien téléphonique
qu'ont eu jeudi soir Barack Obama et Nicolas Sarkozy, peu après que
le président français a appelé de ses voeux à une "grande
conférence" internationale pour la reconstruction d'Haïti. L'Elysée
a précisé que Barack Obama avait "appelé" son homologue français
"pour faire le point de la situation en Haïti et des efforts
engagés par les Etats-Unis et la France pour secourir les victimes
du tremblement de terre".



agences/mej

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Les USA font fonctionner l'aéroport submergé

L'aéroport de Port-au-Prince, équipé d'une seule piste, est totalement engorgé par le trafic des avions transportant aide humanitaire et équipes de secours.

Des contrôleurs aériens sont arrivés des Etats-Unis, ainsi que du personnel pour aider au chargement et au déchargement des avions, mais pendant des heures précieuses avant que l'aéroport ne redevienne opérationnel 24 heures sur 24, il a fallu retenir le trafic aérien pour cause de saturation.

Un porte-avion américain à propulsion nucléaire, l'USS Carl Vinson, était attendu sur place incessamment jeudi, afin de servir de base flottante pour les rotations d'hélicoptères, un élément du dispositif de secours essentiel pour soulager l'aéroport.

Le bâtiment dispose en outre d'un système de purification d'eau, de dizaines de lits médicalisés et de trois salles d'opération. Sa présence permettra d'évacuer des blessés et de transporter des médecins, ainsi que de grandes quantités d'eau potable, a expliqué à l'AFP Nate Christensen, lieutenant dans la Marine américaine.