Après près de deux semaines de blocage, les autorités équatoriennes ont entamé dimanche une première réunion de dialogue avec le mouvement indigène à Quito, pour tenter de mettre fin à la crise sociale sans précédent qui secoue le pays.
Les deux parties se sont mises d'accord sur la préparation d'"un nouveau décret qui annule le décret 883" sur l'essence, et "avec cet accord la mobilisation se termine", a annoncé Arnaud Peral, représentant en Equateur de l'ONU, qui a facilité avec l'Eglise catholique la tenue d'un dialogue.
"Les mesures appliquées dans tous nos territoires sont levées", a confirmé le président de la Confédération des nationalités indigènes de l'Equateur (Conaie), Jaime Vargas.
En réaction, des milliers de personnes ont déferlé dans les rues de la capitale pour célébrer cette annonce, agitant le drapeau national tandis que retentissaient des klaxons en signe de joie.
Réformes économiques contestées
Peu avant l'annonce de cet accord, la principale organisation indigène du pays a exigé le départ des ministres de l'Intérieur et de la Défense comme "geste de paix sociale". Elle dénonce la forte répression des manifestations, avec sept morts, 1340 blessés et 1152 arrestations, selon le bureau du Défenseur du peuple, organisme public de défense des droits.
La communauté indigène, qui représente un quart de la population, est le fer de lance de la contestation contre les réformes économiques négociées avec le Fonds monétaire international (FMI) en échange d'un prêt de 4,2 milliards de dollars, dont la mesure la plus polémique est le décret 883, qui supprime les subventions au carburant et multiplie par deux les prix à la pompe.
Deux semaines de blocage
Le pays est à l'arrêt depuis douze jours, entre blocages de routes, transports publics quasi inexistants et puits pétroliers d'Amazonie à l'arrêt, ce qui a forcé l'Equateur à suspendre la distribution de près de 70% de sa production de brut.
Face à la colère populaire et aux manifestations violentes, le président Moreno, qui avait déjà déplacé le siège du gouvernement de Quito à Guayaquil (sud), avait décrété le couvre-feu et placé la ville sous contrôle militaire jusqu'à nouvel ordre.
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