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Le régime syrien déploie ses troupes au nord, les Américains se retirent

L'armée syrienne est de retour dans le nord-est du pays pour soutenir les Kurdes face à l'offensive turque.
L'armée syrienne est de retour dans le nord-est du pays pour soutenir les Kurdes face à l'offensive turque. / 19h30 / 1 min. / le 14 octobre 2019
Alors que les soldats américains ont reçu l'ordre de quitter la Syrie, selon un responsable américain, le régime syrien a déployé ses troupes lundi dans le nord du pays pour tenter de stopper l'offensive turque contre les Kurdes.

Les quelque 1000 soldats américains qui étaient déployés dans le nord de la Syrie pour aider les forces kurdes dans leur combat contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI) ont reçu l'ordre de quitter le pays, a indiqué lundi à l'AFP un responsable américain.

Selon lui, ce retrait concerne "tous" les militaires déployés en Syrie, "sauf ceux se trouvant à Al-Tanaf", une base contrôlée par quelque 150 soldats américains dans le sud de la Syrie.

>> Les précisions du correspondant de la RTS sur place :

Bombardement en Syrie par les forces turcs quelques jours après le retrait des forces américaines. [EPA/Keystone - Sedat Suna]EPA/Keystone - Sedat Suna
Les Kurdes contraints de s'allier à Damas face à l'avancée des Turcs en Syrie / Forum / 2 min. / le 14 octobre 2019

Face à la progression depuis le 9 octobre des forces turques et de leurs supplétifs syriens, et à la première annonce dimanche d'un retrait américain, les forces kurdes ont réclamé un déploiement de l'armée de Bachar al-Assad près de la frontière.

L'offensive d'Ankara vise à instaurer une "zone de sécurité" de 32 km de profondeur sur 120 km de longueur pour séparer sa frontière des territoires contrôlés par les Unités de protection du peuple (YPG). Cette milice kurde est qualifiée de "terroriste" par Ankara mais soutenue par l'Occident.

Pour contrer la progression des forces turques, les forces prorégime se sont déployées au sud de Ras al-Aïn, à la périphérie de la ville Tal Tamr. Leur arrivée a été saluée par les habitants, a constaté un correspondant de l'AFP.

Lundi en fin de journée, les médias d'Etat syriens ont annoncé que les troupes de Damas étaient entrées dans la ville clé de Minbej. Un responsable local de cette ville contrôlée par un conseil militaire affilié aux autorités kurdes a confirmé à l'AFP l'entrée des troupes dans la ville et leur "déploiement sur les lignes de front".

Poursuite des combats

Des combats continuent par ailleurs de faire rage à Ras al-Aïn entre les troupes turques et les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les YPG sont la principale composante, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Depuis le début de l'offensive, 128 combattants kurdes et 69 civils ont été tués, ainsi que 94 rebelles proturcs, selon l'OSDH. Plus de 130'000 personnes ont été déplacées, d'après l'ONU. La Turquie a annoncé la mort de quatre soldats en Syrie et de 18 civils dans la chute de roquettes kurdes sur des villes frontalières turques.

L'intervention du régime est un véritable retournement de situation illustrant la complexité de la guerre en Syrie. Le régime a régulièrement fustigé l'autonomie de facto instaurée par la minorité kurde à la faveur du conflit sur près d'un tiers du territoire dans le nord et le nord-est du pays. De plus cette minorité a été pendant des décennies opprimée par le pouvoir en Syrie.

Le rôle crucial de la Russie

Le journaliste français Georges Malbrunot souligne dans le 19h30 le rôle "considérable" que va jouer désormais Moscou dans le conflit. "C’est la Russie qui est l’arbitre de cette nouvelle donne", souligne-t-il. "La Russie, qui est l’alliée de Bachar-al-Assad, qui l’a soutenu, qui lui en quelque sorte sauvé la peau en 2015, mais qui est aussi associée avec la Turquie."

A propos des Etats-Unis, Georges Malbrunot note que "les Etats-Unis ont lâché leurs partenaires kurdes et évidemment cela a provoqué des sentiments de trahison chez les Kurdes qui les ont conduits à se rapprocher de Damas via la Russie et c’est vrai que c’est un revirement spectaculaire."

>> L'interview de Georges Malbrunot dans le 19h30 :

Georges Malbrunot: "Un accord a été conclu entre les Kurdes et le régime de Damas autorisant celui-ci à revenir dans des zones dont il a été exclu en 2012."
Georges Malbrunot: "Un accord a été conclu entre les Kurdes et le régime de Damas autorisant celui-ci à revenir dans des zones dont il a été exclu en 2012." / 19h30 / 2 min. / le 14 octobre 2019

"Grosses sanctions"

Pendant des années, les Occidentaux principalement les Etats-Unis au sein de la coalition internationale antidjihadistes ont aidé les FDS face à l'EI vaincu en mars dernier en Syrie.

Les Kurdes détiennent toujours dans leurs prisons des milliers de membres de l'EI dont un grand nombre d'étrangers et retiennent des milliers de proches de djihadistes dans des camps. Les Kurdes et plusieurs pays européens ont mis en garde contre une résurgence de l'EI à la faveur du chaos sécuritaire créé par l'assaut turc.

>> Lire aussi : Kurdes de Syrie, pourquoi ils dérangent la Turquie

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Pas de ministre pour France-Turquie

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ne se rendra pas lundi soir, comme il l'avait initialement prévu, au match France-Turquie qualificatif pour l'Euro 2020.

"La présence du ministre était prévue à son agenda, il a décidé de ne pas y aller", a annoncé son entourage.

Les champions du monde français reçoivent les Turcs lundi au stade de France, à Saint-Denis, près de Paris, dans un contexte sportif, sécuritaire et diplomatique sensible.