L'ancien vice-président régional catalan Oriol Junqueras a écopé de 13 ans de prison, la plus lourde peine des douze indépendantistes jugés de février à juin par la haute instance judiciaire du pays, pour sédition et détournements de fonds publics.
Les juges ont donc écarté les accusations de rébellion émises par le parquet qui avait requis jusqu'à 25 ans de prison à l'encontre d'Oriol Junqueras, numéro un du parti Gauche républicaine de Catalogne (ERC) et principal accusé en l'absence de l'ex-président catalan Carles Puigdemont, qui a fui en Belgique.
Oriol Junqueras est un personnage souvent impénétrable, qui a réussi à rester aux commandes de son parti depuis la prison où il attendait la sentence. Il a réagi sur Twitter:
"Nous reviendrons plus forts, plus convaincus et plus fermes que jamais. Merci à tous et persistez pour que nous persistions toujours. Toujours!"
En détention provisoire jusqu'ici
Huit autres indépendantistes ont été condamnés à des peines allant de 9 à 12 ans de prison pour sédition, et certains également pour détournements de fonds publics.
Figurent parmi eux l'ancienne présidente du parlement catalan Carme Forcadell, les dirigeants des puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium Cultural, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart, et cinq anciens "ministres" régionaux. Ces neuf indépendantistes étaient en détention provisoire, pour certains depuis deux ans.
Trois autres anciens membres du gouvernement catalan, qui étaient en liberté conditionnelle, ont eux été condamnés à des amendes pour désobéissance.
>> Lire : En Espagne, le procès historique des 12 indépendantistes catalans s'achève
Le référendum d'autodétermination
Ces douze indépendantistes ont été jugés pour avoir organisé le 1er octobre 2017, en dépit de l'interdiction de la justice, un référendum d'autodétermination, émaillé de violences policières, et pour la proclamation le 27 du même mois d'une vaine déclaration d'indépendance votée par le parlement catalan.
Cette tentative de sécession de la Catalogne, riche région du nord-est de l'Espagne, avait été la pire crise politique qu'ait connue le pays depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Condition indispensable de la rébellion – qui est un délit contre la Constitution sévèrement puni – l'existence ou non d'un soulèvement violent avait été la question centrale du procès historique de ces indépendantistes.
Le parquet n'avait pas hésité à qualifier les évènements de 2017 de "coup d'État" alors que la défense rétorquait que la violence était venue quasi-exclusivement de la police le jour du référendum.
Insistant sur le caractère pacifique de leur mouvement, les accusés avaient assuré pour la plupart qu'ils recommenceraient s'ils le pouvaient.
afp/sjaq
Charges policières contre des indépendantistes à l'aéroport de Barcelone
La police a chargé à plusieurs reprises des manifestants indépendantistes lundi près de l'entrée de l'aéroport de Barcelone, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Des milliers de manifestants se sont rassemblés à l'aéroport pour le bloquer en réaction à la condamnation de neuf indépendantistes à des peines allant de neuf à 13 ans de prison pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Selon le journaliste de l'AFP sur place, plusieurs centaines de militants ont affronté les forces de l'ordre, leur jetant des pierres ou des poubelles. La police a chargé lorsqu'ils ont tenté de rompre le cordon policier pour entrer au sein de l'aéroport.
Ailleurs en ville, des milliers d'autres manifestants se sont rassemblés, notamment sur la Place de la Catalogne.
>> Images des manifestants à Barcelone:
Carles Puigdemont dénonce une "aberration"
Absent du procès après sa fuite en Belgique, l'ex-président catalan Carles Puigdemont a dénoncé une "aberration" après la condamnation des indépendantistes catalans, estimant qu'il était "temps de réagir".
100 anys de presó en total. Una barbaritat. Ara més que mai, al vostre costat i al de les vostres famílies. Toca reaccionar, com mai. Pel futur dels nostres fills i filles. Per la democràcia. Per Europa. Per Cataunya.
— Carles Puigdemont (@KRLS) October 14, 2019
"100 ans de prison en tout. Une aberration. Maintenant plus que jamais, à vos côtés et à ceux de vos familles. Il est temps de réagir comme jamais auparavant. Pour l'avenir de nos fils et de nos filles. Pour la démocratie. Pour l'Europe. Pour la Catalogne", a écrit sur Twitter l'indépendantiste, qui vit en Belgique après la tentative ratée de sécession en 2017.
Dans la foulée, la justice espagnole a lancé un nouveau mandat d'arrêt international contre lui.