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Haïti: le chaos complique l'aide humanitaire

La violence se déchaîne dans les rues de la capitale haïtienne en proie au chaos.
La violence se déchaîne dans les rues de la capitale haïtienne en proie au chaos.
Une semaine après le séisme qui a frappé Haïti, le chaos qui règne à Port-au-Prince entravait encore mardi la lente montée en puissance de l'aide aux victimes. Des milliers de personnes tentaient de fuir la capitale ou de se regrouper pour protéger leurs maigres biens des pillards.

De nouveaux renforts potentiels étaient attendus: le Conseil de
sécurité des Nations unies devait approuver mardi un relèvement du
plafond de la Mission des Nations unies en Haïti (MINUSTAH), qui
compte 7000 soldats et 2100 policiers. Le secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon demande l'envoi de 3500 soldats et policiers
supplémentaires. Et quelque 2000 Marines américains arrivés la
veille stationnaient sur des bâtiments au large des côtes.

Bilan similaire au tsunami de 2004?

Mais chaque jour révèle encore
l'étendue de la catastrophe. La Commission européenne, se fondant
sur des chiffres du gouvernement haïtien, fait état de 200'000
morts, dont quelque 70'000 corps retrouvés, mais aussi 250'000
blessés et 1,5 million de sans-abri.



En pleine désolation, des rescapés continuent d'être dégagés des
gravats, telles ces deux Haïtiennes désincarcérées des ruines d'un
bâtiment universitaire avec d'énormes pinces coupantes
hydrauliques.



Ailleurs, des chirurgiens débordés manquaient cruellement
d'anesthésiants, de scalpels et de scies pour amputer les membres
broyés. L'ancien président américain Bill Clinton, qui a visité un
hôpital, a rapporté que le personnel utilisait de la vodka pour
stériliser le matériel médical.

Difficultés logistiques en nombre

Le port de la
capitale restait bloqué, mais les organisations humanitaires ont
obtenu la priorité à l'atterrissage à l'aéroport contrôlé par
l'armée américaine. Si la distribution d'eau, de nourriture et de
provisions en provenance de l'unique aéroport de la ville a pris
peu à peu de l'ampleur, elle restait difficile, frustrant nombre de
survivants qui dorment dans la rue ou dans des camps en plein air
où ils s'entassent par dizaines de milliers.



"Je n'arrive pas à comprendre ce qui prend tant de temps aux
étrangers", disait Raymond Saintfort, un pharmacien venu apporter
deux valises d'aspirine et d'antiseptiques dans les ruines d'une
maison de retraite, espérant alléger les souffrances de dizaines de
pensionnaires. Selon le coordinateur des secours d'urgence de l'ONU
John Holmes, les 15 points de distribution alimentaires prévus
n'étaient pas encore tous en place.



Le Programme alimentaire mondial (PAM) prévoyait de renforcer ses
opérations pour nourrir lundi 97'000 personnes. Mais il a besoin de
100 millions de repas tout prêts pour les 30 prochains jours. Une
centaine d'avions atterrissent désormais chaque jour à
Port-au-Prince.

La violence complique les choses

La violence complique encore les
choses dans certains quartiers. Des membres des secours disent
avoir dû soigner des blessures par balles en plus des blessures
liées au séisme. Les points de distribution d'eau et de nourriture
attirent des foules difficiles à gérer et les policiers haïtiens ne
sont revenus dans les rues qu'en nombre limité.



La nuit, des habitants forment des brigades et des groupes armés
de machettes pour repousser les pillards ou gangs. "Cela devient
trop dangereux", expliquait Remi Rollin, un garde privé armé engagé
par un commerçant pour éloigner les pillards. "Après la tombée de
la nuit, la police tire à vue."



Les habitants d'un quartier perché sur une colline de
Port-au-Prince ont ainsi barré l'accès à leur rue avec des voitures
et demandé aux jeunes du quartier d'organiser des
patrouilles.



Des détenus échappés de la principale prison de Port-au-Prince
également démolie faisaient régner leur loi dans le vaste
bidonville de la Cité Soleil et la police exhortait les citoyens à
prendre en main le maintien de l'ordre. "Si vous ne tuez pas les
criminels, ils reviendront tous", lançait un policier haïtien dans
un mégaphone.



ap/ther

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Avion du CICR Suisse arrivé

Un avion de la Croix-Rouge suisse a atterri lundi soir à l'aéroport de Port-au-Prince et un autre avec l'aide supplémentaire de la Confédération est en route.

Les 15 tonnes de biens de première nécessité seront distribuées dans les meilleurs délais.

Outre des tentes et des bâches destinées à la construction d'abris provisoires, l'avion cargo transportait un véhicule tout-terrain et un chariot élévateur servant à faciliter le déchargement de la marchandise à l'aéroport de Port-au-Prince.

Quelque 190 des 200 Suisses présumés se trouver dans le pays au moment du séisme ont pu être contactés. Huit manquent encore à l'appel.