Le 7 février, le second tour de la présidentielle en Ukraine
opposera donc les deux grands rivaux Viktor Ianoukovitch,
traditionnellement plus proche de Moscou et favori des sondages, et
la Premier ministre Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution
orange, jugée plus pro-européenne même si elle entend ménager la
Russie.
Selon les sondages, Viktor Ianoukovitch obtient entre 32 et 35%
des voix, Ioulia Timochenko de 26 à 27%. La troisième place revient
à l'ex-banquier Sergui Tiguipko, qui a récolté 13% des suffrages,
et la quatrième à Arseni Iatseniouk (7 à 8%).
Bien qu'attendu, le camouflet est particulièrement douloureux pour
le président sortant Viktor Iouchtchenko, éliminé dès le premier
tour avec seulement 6% des voix. Héros de la Révolution orange, le
sortant a profondément déçu ses compatriotes, notamment dans la
lutte contre la corruption, le tout sur de fond de crises
politiques à répétition et de vives tensions avec Moscou.
Un 2e tour acharné
De l'avis des experts, l'écart
relativement faible entre les deux concurrents principaux laisse
entrevoir une lutte acharnée pour le second tour, Ioulia Timochenko
paraissant en mesure de combler son retard. "Si l'écart est
inférieur à 10%, les chances de Timochenko augmentent
sérieusement", a ainsi estimé un expert politique ukrainien.
Quel que soit le vainqueur de ces élections, il n'aura de toute
manière pas la partie facile pour relever un pays en mal de
stabilité politique et économiquement presque en faillite: il est
depuis plus d'un an sous perfusion financière du Fonds monétaire
international.
Un tournant pour le pays
Les électeurs ont dû braver un froid glacial pour se rendre aux
urnes. Ioulia Timochenko a elle-même voté à Dniepropretovsk (est):
"Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de choisir un candidat:
l'Ukraine choisit son avenir pour des dizaines d'années", a lancé
la candidate.
"J'ai le sentiment que le peuple ukrainien veut du changement, et
très bientôt une nouvelle étape de la vie du pays va commencer" a
déclaré de son côté son principal concurrent Viktor Ianoukovitch,
qui faisait de même à Kiev.
afp/boi
Cinq ans après la Révolution orange
En novembre 2004, la victoire annoncée du candidat pro-russe Viktor Ianoukovitch à la présidentielle déclenche une vaste protestation en Ukraine (Révolution orange), qui porte au pouvoir l'opposant pro-occidental Viktor Iouchtchenko.
Elu en décembre, ce dernier est investi à la présidence en janvier 2005. Actuellement, sa popularité a fortement chuté, les réformes promises n'ayant pas été réalisées.
Au fil des crises politiques, le Premier ministre Ioulia Timochenko, son ancienne alliée, est devenue son ennemie jurée.
La "dame de fer de l'Ukraine", considérée comme pro-européenne, affiche néanmoins sa bonne entente avec son homologue russe Vladimir Poutine, au point de donner l'impression qu'elle est désormais la candidate préférée de Moscou.
Quant à Ianoukovitch, conspué au moment de la Révolution orange parce qu'il était le "candidat de la Russie", a opéré un spectaculaire retour en force, au point d'apparaître comme le favori de la présidentielle.