Lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la diminution drastique de la présence de l'ONU dans le pays le plus pauvre du continent américain, l'ambassadrice américaine à l'ONU Kelly Craft a salué "un jour historique".
"Nous appelons toutes les parties en Haïti à oeuvrer pacifiquement pour répondre aux défis économiques et sociaux auxquels fait face le pays", a-t-elle ajouté. Les Etats-Unis étaient le premier donateur bilatéral avec quelque 5,2 milliards de francs d'aide depuis le séisme de 2010.
Tous les indicateurs sont actuellement au rouge en Haïti. Dans un rapport publié mardi, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres se montre particulièrement pessimiste.
Situation "de plus en plus inquiétante"
"La longue crise multidimensionnelle" qui touche Haïti "depuis juillet 2018 ne semble guère en passe d'être désamorcée ou résolue", écrit-il. "J'exhorte tous les acteurs à mettre de côté leurs divergences et leurs intérêts particuliers et à oeuvrer de concert pour sortir le pays de cette situation de plus en plus inquiétante", a-t-il ajouté.
Haïti n'est dirigé que par un gouvernement démissionnaire depuis des mois et des élections législatives prévues fin octobre ont été repoussées sine die. L'opposition, mais aussi plusieurs composantes de la société civile, multiplient les manifestations (lire encadré) pour demander la démission du président Jovenel Moïse. Très discret, ce dernier a lancé un appel au dialogue, refusé jusqu'à présent par ses opposants.
La révolte populaire de 2004
La mission de police Minujusth en Haïti, qui comptait encore récemment un millier de policiers, est remplacée par un Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh).
La Minujusth était déployée depuis octobre 2017. Elle avait succédé à une mission de Casques bleus (Minustah) créée en 2004 après l'éviction du président Jean-Bertrand Aristide sous la pression d'une insurrection armée et d'une révolte populaire.
afp/oang
Colère générale contre le président Moïse
Des milliers de personnes ont manifesté pacifiquement dimanche à Port-au-Prince, à l'appel de plusieurs artistes populaires d'Haïti. Ceux-ci réclament à leur tour la démission immédiate du président, déjà contesté par les universitaires, la société civile et les partis traditionnels d'opposition.
La colère populaire contre Jovenel Moïse, décrié par les opposants les plus radicaux depuis son arrivée au pouvoir en février 2017, s'est accentuée fin août à la suite d'une pénurie de carburants généralisée à travers le pays.
Majoritairement issus des quartiers les plus pauvres, les manifestants exigent d'autant plus la démission du chef de l'État que des entreprises qu'il dirigeait avant son entrée en politique ont été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant "au coeur d'un stratagème de détournement de fonds".
Depuis le début du mouvement de contestation, fin août, le président haïtien n'a pris qu'une seule fois la parole publiquement, via une allocution pré-enregistrée diffusée à la télévision d'Etat le 25 septembre à 2 heures du matin heure locale.