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De la difficulté à capter les "signaux faibles" de la radicalisation

Université de Cergy Pontoise, en France. [AFP - Nicolas Thibaut / Photononstop]
RTSreligion - De la difficulté de capter les signaux faibles de radicalisation / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 16 octobre 2019
En France, une circulaire interne de l’Université de Cergy-Pontoise sur les signaux faibles de radicalisation déclenche une vague d’indignation. Le président de l’institution s’excuse, ainsi que le ministre de l’Enseignement supérieur.

Lundi, une circulaire intitulée "Appel à la vigilance" a été envoyée dans la boîte mail des 1800 collaborateurs de cette université située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Paris. Elle dresse une liste des comportements pouvant être considérés comme des signaux faibles de radicalisation, du port du pantalon dont les jambes s’arrêtent à mi-mollet pour un homme à l’apparition d’un voile pour une femme, en passant par l’arrêt de la consommation d’alcool, un intérêt soudain pour la religion ou un absentéisme récurrent aux heures de prières musulmanes.

Ce document, qui a été retiré, a fait bondir des employés. Leur indignation n’a pas été sans écho au sein de l’université. Son président François Germinet a reconnu que le message était "extrêmement maladroit". Le ministre de l’Enseignement a aussi désapprouvé, estimant que la lutte contre la radicalisation "ne sera jamais gagnante si elle s’appuie sur des préjugés et des caricatures".

Après l'attaque à la préfecture de Paris

Cet "appel à la vigilance" intervient quelques jours après l’attaque au couteau du 3 octobre dernier à Paris. Un informaticien de la préfecture de police, radicalisé mais passé sous les mailles du filet, a tué quatre de ses collègues.

>> Lire aussi : La piste de la radicalisation privilégiée dans l'enquête sur l'attaque à Paris

Depuis, tout le monde se demande comment mieux faire. Des journalistes de France Inter se sont procurés un rapport de la cheffe de l’antiterrorisme à Paris qui détaille les signaux faibles de radicalisation émis par ce collaborateur. Après sa conversion à l'islam, il ne serrait plus les mains des femmes même s’il continuait à embrasser quelques-unes de ses collègues féminines, selon certains.

Limites de la laïcité à la française ?

Pour François Germinet, la détection de la radicalisation est complexe. "Certains collègues sont parfois confrontés à des situations délicates et ne savent pas comment réagir." C’est sans doute le paradoxe et la limite de la laïcité à la française. À vouloir limiter la religion à la seule vie privée, on en vient à ne plus pouvoir parler de croyances, à ne plus les exposer à l’écoute de l’autre, premier antidote à la radicalisation.

Michel Kocher/RTSreligion/AFP

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