Elle n’aura pas pu prononcer une seule phrase en entier. Carrie Lam, dirigeante de Hong Kong, a tenté de prononcer mercredi son discours annuel au Parlement, une allocution très attendue après plus de quatre mois de contestation dans le territoire.
Mais les députés prodémocratie de l’hémicycle ont fait entendre leur voix. Largement minoritaires, ils ont empêché la cheffe de l’exécutif de s’exprimer. Jamais aucun chef de l’exécutif n’avait essuyé une telle gifle au Parlement.
Discours finalement enregistré
Extrêmement impopulaire, Carrie Lam a eu droit à un accueil glacial. Les parlementaires du camp pan-démocrate ont brandi des panneaux sur lesquels figuraient le portrait de la dirigeante, les mains ensanglantées, en scandant les slogans de protestation de la rue.
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Mobilisés depuis juin dernier, les manifestants exigent des réformes démocratiques. Après deux tentatives, Carrie Lam a finalement jeté l’éponge et a battu en retraite sous les huées, entourée de sa garde rapprochée. Son discours, destiné à apaiser les rancoeurs et reconquérir la confiance de la population, a finalement été enregistré et diffusé à la télévision.
Dans celui-ci, elle a annoncé des aides financières et des subventions, notamment au logement. Hong Kong compte en effet parmi les marchés immobiliers les plus chers du monde.
Pas de concessions
Tout comme Pékin, Carrie Lam attribue la crise actuelle au ras-le-bol d’une classe moyenne sous pression. Elle s’est aussi dite résolue à venir en aide aux foyers les plus modestes, convaincue que soulager les souffrances socio-économiques contribuerait à apaiser le ressenti populaire.
Elle n’a par contre fait aucune concession face aux demandes relatives au suffrage universel, à la garantie des libertés et à la fin de l’ingérence chinoise dans les affaires du territoire. Son discours a, par conséquent, été accueilli avec scepticisme, beaucoup se disant insatisfaits par les promesses du gouvernement, accusé de se voiler la face et d'ignorer les revendications politiques. L'action des parlementaires prodémocratie a, elle, été louée sur les réseaux sociaux.
L’incident du jour démontre une fois de plus les divisions et, surtout, l’absence totale de dialogue entre les différentes factions à Hong Kong.
Michael Peuker/vic