Pour permettre un retrait des forces kurdes "sous 120 heures, toutes les opérations militaires dans le cadre de l'opération Source de Paix vont être suspendues et l'opération sera complètement arrêtée une fois ce retrait achevée", a déclaré Mike Pence à la presse à l'issue de plus de quatre heures d'entretiens avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Les forces kurdes devront se retirer d'un secteur d'une profondeur de 32 km censé se transformer à terme en "zone de sécurité", a précisé le vice-président américain.
"Nous suspendons l'opération"
Le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a confirmé cet accord. "Nous suspendons l'opération, nous ne l'arrêtons pas", a-t-il précisé à la presse. "Nous pourrons arrêter l'opération seulement lorsque (les forces kurdes) se seront retirées complètement de la région".
Donald Trump a remercié sur Twitter le président Erdogan, estimant que cet accord allait "sauver des millions de vies" et évoquant un "grand jour" pour la Turquie et pour les Kurdes.
Dans la soirée, les forces kurdes en Syrie ont fait savoir qu'elles étaient prêtes à suivre l'accord. "Nous sommes prêts à respecter le cessez-le-feu", a annoncé le chef des Forces démocratiques syriennes (FDS) Mazloum Abdi, lors d'une intervention téléphonique sur la chaîne de télévision kurde "Ronahi".
Tollé international au lancement de l'offensive
L'offensive turque contre les forces kurdes des YPG dans le nord-ouest de la Syrie avait été lancée le 9 octobre, suscitant de vives réactions internationales.
Les Occidentaux soutiennent les YPG pour leur rôle crucial dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI), mais Ankara les qualifie de "terroristes" en raison de leurs liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une guérilla sanglante en Turquie depuis 1984.
Donald Trump avait paru donner son feu vert à l'offensive, avant d'exhorter Ankara - face au tollé dans les pays occidentaux et au sein de son camp - à y mettre fin et d'autoriser des sanctions contre la Turquie. Mike Pence a annoncé que ces sanctions seraient levées lorsque la Turquie aura mis fin à l'offensive conformément à l'accord conclu jeudi.
agences/oang
Bachar al-Assad sort de son silence
Le président syrien Bachar al-Assad a promis jeudi de faire face à l'offensive turque "par tous les moyens légitimes", après le déploiement de son armée en soutien aux forces kurdes visées par l'opération militaire d'Ankara dans le nord de la Syrie.
Dénonçant "l'agression" de la Turquie, le chef de l'Etat a assuré que la Syrie "y répondra et y fera face, sous toutes ses formes, dans n'importe quelle région du territoire syrien et par tous les moyens légitimes disponibles", selon des propos rapportés par les comptes de la présidence sur les réseaux sociaux.
Il s'agissait de la première réaction du président Assad depuis que son armée s'est déployée dans des secteurs du nord du pays à l'appel des autorités semi-autonomes de la minorité kurde.
Alerte humanitaire à Ras al-Aïn
Alors que les combats se sont poursuivis jeudi sur le terrain, les autorités kurdes dans le nord-est de la Syrie ont réclamé un "couloir humanitaire" pour évacuer civils et "blessés" de la ville de Ras al-Aïn, encerclée par les forces turques.
Des bombardements ont touché et endommagé un hôpital de cette ville située près de la frontière turque, selon les forces kurdes et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"De nombreux civils se trouvent encerclés dans la ville", a rapporté dans un communiqué l'administration semi-autonome kurde, affirmant que les "convois médicaux sont la cible de bombardements systématiques". Elle réclame une intervention de la communauté internationale pour "ouvrir un couloir humanitaire sécurisé afin d'évacuer" les civils et les blessés civils.
>> Le professeur Fabrice Balanche, spécialiste de la Syrie, analyse la situation des Kurdes après le retrait des Américains: