A l'ouverture jeudi du "sommet" d'au moins six heures qu'il a
convoqué pour sauver sa réforme de l'assurance maladie, Barack
Obama a dit espérer qu'il ne constituerait pas un "spectacle
politique", en déplorant que "la politique ait fini par prendre le
dessus sur le bon sens" dans ce débat.
Rappelant les souffrances des Américains qui ne bénéficient pas de
couverture maladie ou se voient refuser des remboursements par des
sociétés d'assurance, il a pressé les élus de s'intéresser à leurs
points de convergence.
Passe d'armes avec McCain
Des tensions sont toutefois rapidement apparues au grand jour,
avec en particulier une passe d'armes entre Barack Obama et son
concurrent malheureux à l'élection présidentielle de 2008, John
McCain. "Nous ne sommes plus en campagne", a lancé Barack Obama
après que le sénateur de l'Arizona lui eut fait remarquer que "les
Américains sont en colère, nous leur avions promis du changement à
Washington".
Le chef des démocrates au Sénat, Harry Reid, avait auparavant
affirmé qu'un autre élu républicain "avait le droit d'avoir ses
propres opinions, mais pas ses propres faits", autre signe de
crispation dans un Congrès où la coopération entre républicains et
démocrates a été rare depuis l'investiture de Barack Obama.
Une réforme fragilisée
Le président, qui veut réformer un dispositif coûteux, porteur
de lourds déficits et laissant des dizaines de millions
d'Américains sans couverture, a dû réviser sa stratégie après la
perte par ses alliés de leur majorité qualifiée au Sénat le 19
janvier, lors d'une élection partielle.
Après la Chambre, les sénateurs venaient d'adopter leur version de
la réforme, mais les deux textes devaient encore être réunis,
objectif devenu irréalisable vu l'intransigeance de républicains
dotés d'une minorité de blocage.
Barack Obama, qui a divulgué lundi sa propre version du projet
visant à couvrir "31 millions" d'Américains supplémentaires, a pris
le contrôle des débats de jeudi, donnant la parole aux différents
intervenants et tentant de cadrer la longueur de leurs
interventions, dans un rare exercice public.
afp/sbo
Pourquoi ce débat public?
Face aux critiques sur l'opacité des négociations et vu le succès de relations publiques enregistré par Barack Obama lors d'un débat avec des élus républicains le 29 janvier, la présidence a souhaité que le sommet soit en effet retransmis à la télévision.
Les républicains ont accepté de venir et de négocier de "bonne foi". Mais le succès de cette réunion est pour le moins incertain à moins de neuf mois d'élections législatives où les républicains espèrent d'importants gains en sièges.
Les élus démocrates ont évoqué au grand jour une stratégie en cas d'échec du sommet. Il s'agirait d'avoir recours à une procédure exceptionnelle, dite de "réconciliation", qui permettrait de faire passer la réforme en force au Sénat via un vote à la majorité simple, en s'affranchissant de toute tentative de blocage.
Elle est toutefois réservée aux projets relatifs aux dépenses de l'Etat, ce qui limiterait la portée du plan.
Le sénateur républicain Lamar Alexander a exhorté les démocrates à renoncer à cette manoeuvre. "Il faut renoncer à faire passer (le projet) en force unilatéralement", a-t-il remarqué. Dans le cas contraire, "tout ce que nous faisons aujourd'hui n'est pas pertinent".