Il s'agit de la pire explosion sociale depuis des décennies dans un pays jugé "en guerre" par son président Sebastian Piñera. Les étudiants ont appelé à de nouvelles manifestations pour lundi et les quelque 7,6 millions d'habitants de la capitale chilienne ont vécu leur deuxième nuit consécutive sous couvre-feu. Selon les autorités, 1462 personnes ont été arrêtées, dont 644 dans la capitale et 848 dans le reste du pays.
Emeutes et pillages ont fait sept morts durant le week-end à Santiago, dont cinq dans l'incendie d'une usine de vêtements et deux dans l'incendie d'un supermarché. Trois personnes ont également été grièvement blessées.
L'état d'urgence parallèlement en vigueur depuis vendredi soir dans la capitale concerne dorénavant neuf autres des 16 régions du pays. C'est la première fois que des militaires arpentent les rues depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).
Transports à l'arrêt
Bus et stations de métro ont été particulièrement ciblés par les manifestations violentes, outre des dizaines de supermarchés, de véhicules et de stations-service saccagés ou incendiés. La plupart des magasins sont restés fermés dimanche.
Les cours ont été suspendus dans les établissements scolaires de 48 des 52 districts de Santiago. A l'aéroport de la capitale, des milliers de voyageurs dont les vols ont été annulés ou retardés ont passé la nuit bloqués par le couvre-feu et l'absence de transports publics.
Organisation de "gilets jaunes"
Dans plusieurs quartiers de Santiago, des habitants s'étaient organisés pour éviter de nouveaux saccages. Avec l'autorisation des forces de l'ordre, ils ont monté une garde de nuit devant des magasins et effectué des rondes, armés de bâton et vêtus de gilets jaunes.
"L'idée c'est de nous organiser et nous reconnaître entre voisins, d'où les gilets jaunes", a précisé une habitante du district est de Santiago.
afp/jfe
Hausse du prix des tickets de métro
Les manifestations ont débuté vendredi pour protester contre une hausse de 800 à 830 pesos (un peu plus d'1 francs) des tickets de métro. La mesure a été suspendue samedi par Sebastian Piñera et devrait être approuvée lundi par les sénateurs après les députés dimanche.
Les émeutes se sont toutefois poursuivies, nourries par la colère face aux conditions socio-économiques et aux inégalités dans ce pays loué pour sa stabilité économique et politique, mais où l'accès à la santé et à l'éducation relèvent presque uniquement du secteur privé.
Appel des footballeurs
Plusieurs footballeurs internationaux chiliens ont appelé à "écouter le peuple". "Les politiques s'il vous plait, écoutez le peuple pour une fois!!! Nous voulons des solutions MAINTENANT!!!", a tweeté la star chilienne Arturo Vidal, milieu du FC Barcelone.
"Maintenant, c'est le moment des réponses, des solutions", a publié Claudio Bravo, capitaine de la sélection chilienne et gardien remplaçant de Manchester City.