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Le Jura veut toujours accueillir les deux Ouïgours

La Confédération a finalement suivi la volonté du canton du Jura.
La décision d'accueillir les deux Ouïgours dépend de la Confédération.
Le gouvernement jurassien n'a pas changé d'avis. Il veut toujours accueillir à titre humanitaire les deux frères ouïgours de Guantanamo. Il a transmis mardi sa prise de position au Conseil fédéral qui devra trancher sur ce dossier très sensible et dans lequel Pékin fait pression sur Berne.

Pour prendre sa décision, le gouvernement jurassien a procédé à une pesée d'intérêts politiques, diplomatiques et économiques. Mais ce sont les considérations humanitaires qui l'ont emporté.

Le gouvernement n'a pas précisé où ces deux ex-détenus de la base américaine de Guantanamo pourraient s'établir si le Conseil fédéral donnait suite à l'offre jurassienne. Mais il n'y aurait aucun problème d'encadrement ou de logement, a assuré le canton.

Si les deux Ouïgours étaient admis en Suisse, ils bénéficieraient d'un permis de résidence (B) qui leur permettrait de "se déplacer librement en Suisse", a précisé Charles Juillard, en charge de la Justice jurassienne. "Tous les frais seront pris en charge par la Confédération", a-t-il ajouté. Les deux frères ont déjà signé leur accord pour être transférés en Suisse.

Pékin a averti la Suisse que l'accueil de ces deux détenus de Guantanamo pourrait porter "atteinte" aux relations entre les deux pays. Pour Pékin, "les terroristes présumés de nationalité chinoise, quelles que soient leurs ethnies, doivent être rapatriés en Chine".

Vendus aux Marines

La section suisse d'Amnesty International a salué le geste du canton du Jura et appelé mardi le gouvernement à "tenir sa promesse".

Les deux Ouïghours au centre des tensions entre Berne et Pékin ne sont pas des terroristes, mais "des pauvres hommes détenus par erreur", fait valoir leur avocate Elizabeth Gilson.

Le plus jeune des frères, Bahtiyar Mahnut, s'était exilé en Afghanistan "pour trouver une vie meilleure". Son frère Arkin "était parti à sa recherche pour le faire rentrer au pays". Ils ont fui "sans passeport" au Pakistan, où ils ont été "vendus à l'armée américaine", selon l'avocate.

Une décision controversée

La commission de politique de sécurité du Conseil national avait le mois dernier appelé Berne à renoncer à accueillir ces deux frères, mais le gouvernement a bénéficié la semaine dernière du soutien d'une très forte majorité du Parlement jurassien.

Par 45 voix contre 3, il lui avait demandé de maintenir son offre d'accueil. Un vote qui semble avoir pesé dans la décision annoncée mardi par l'exécutif. Reste qu'une partie de la population semble faire preuve d'un certain scepticisme.

agences/jeh

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Les peuples menacés saluent le geste

La Société pour les peuples menacés (SPM) a salué la décision du gouvernement jurassien.

Elle demande au Conseil fédéral d'autoriser leur admission en Suisse.

La SPM estime qu'un refus serait "une génuflexion devant la Chine et sa politique hostile aux droits de l'homme", écrit-elle dans un communiqué diffusé mardi à Berne.

"Ce serait aussi un signe que les intérêts commerciaux de la Suisse auraient davantage de poids que les droits de l'homme."

Les Ouïgours de Suisse prêtent main forte

La communauté ouïgoure de Suisse s'est d'ores et déjà déclarée prête à contribuer à leur intégration rapide.

Environ 80 Ouïgours, dont la majorité sont des réfugiés statutaires, vivent actuellement en Suisse.