Auréolé de ses succès en Syrie et au Moyen-Orient, Moscou en profite pour signifier aux pays africains que leur continent revêt à ses yeux une attention particulière. On peut donc dire que ce sommet couronne le retour progressif opéré par la Russie en Afrique depuis une quinzaine d’années, après le retrait consécutif à l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990.
Mais la Russie n'a pas les moyens de reconquérir les positions abandonnées à l'époque. Elle fait preuve de pragmatisme et investit le continent africain au gré des opportunités qui se présentent à elle.
Ainsi, les investissements russes en Afrique ont franchi la barre des 20 milliards de dollars en 2018. Cela reste modeste - c’est à peine plus de la moitié des investissements français et dix fois moins que les investissements chinois - mais cela place la Russie au même rang que l’Inde ou la Turquie.
"De nombreux partenaires potentiels"
En ouverture du sommet qui se tient jusqu'à jeudi, et devant le parterre de dirigeants africains, Vladimir Poutine a promis de doubler dans les cinq ans les échanges commerciaux en insistant sur le potentiel de développement de l'Afrique. Le président russe a vanté les "nombreux partenaires potentiels qui ont de très bonnes perspectives de développement avec un énorme potentiel de croissance".
Il a aussi promis que la Russie continuerait à aider les pays africains en effaçant leurs dettes, assurant que "le montant total" dépassait déjà 20 milliards de dollars.
Diversifier la nature des investissements
Ce sommet a pour ambition de jouer sur les liens historiques, "intimes" même d’après le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, pour diversifier la nature des investissements russes sur le continent. Ces derniers portent pour l’heure essentiellement sur la sécurité, comme les ventes d’armes et le conseil militaire, et sur les matières premières, les hydrocarbures et l’extraction de minerais.
Désormais Moscou vise la formation des élites africaines, comme c’était le cas du temps de l’Union soviétique, mais aussi les hautes technologies. La Russie souhaite lancer des satellites nigérians et tunisiens et puis aussi le pétrole, un secteur dans lequel la Russie peine à s’imposer en Afrique.
Jean-Didier Revoin/agences/oang