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Les inégalités perdurent en Afrique du Sud

Nelson Mandela fait la Une de L'Hebdo.
Nelson Mandela a passé 27 ans dans les geôles du régime de l'apartheid.
C'était le 11 février 1990. La libération de Nelson Mandela précipitait la chute de l'apartheid et ancrait la démocratie en Afrique du Sud. Vingt ans plus tard, le pays reste toutefois confronté à des inégalités criantes et l'impatience bout dans les quartiers pauvres.

Alors que l'Afrique du Sud célébrait jeudi les 20 ans de la libération de Nelson Mandela , la situation a bien changé.



En 1990, "il y avait énormément d'espoir, on pensait qu'une
nouvelle ère s'ouvrait. Cet optimisme s'est largement estompé",
estime Moeletsi Mbeki, de l'Institut sud-africain des relations
internationales. Du point de vue politique, le changement est
radical. Les lois ségrégationnistes ont été démantelées, la
démocratie multiraciale installée et le pays s'est doté d'une des
Constitutions les plus libérales au monde.

Depuis 1994, le parti de Mandela, le Congrès national africain
(ANC), a remporté chaque scrutin haut la main. L'ancienne formation
de lutte contre le régime blanc prône la réconciliation et, malgré
son ancrage historique à gauche, s'est toujours évertuée à rassurer
les milieux d'affaires. Cette stratégie a permis d'assurer une
croissance forte jusqu'à l'an dernier, faisant de l'Afrique du Sud
le géant économique du continent. Mais elle a échoué à redistribuer
les cartes et les exclus de l'ancien régime ne sont guère mieux
lotis aujourd'hui.

La colère des pauvres

En dépit de
l'émergence d'une classe moyenne noire, surnommée les "Diamants
noirs", la grande majorité de la population continue de souffrir du
chômage et de la pauvreté. Pire, selon un rapport gouvernemental
récent, les disparités ne cessent de se creuser: le revenu mensuel
moyen des Noirs a augmenté de 37,3% depuis 1994, celui des Blancs a
bondi de 83,5%. Même si l'accès à l'eau et à l'électricité a été
amélioré, plus d'un million de familles continuent de vivre dans
des baraques de fortune.



"L'ANC a réussi là où on pensait qu'il échouerait: gérer une
économie moderne", remarque Frans Cronje, de l'Institut
sud-africain sur les relations entre les races. "Mais les secteurs
considérés comme ses points forts - l'amélioration des conditions
de vie, l'éducation et la lutte contre la criminalité - sont un
échec." En conséquence, "la colère dans les communautés noires
pauvres grandit à toute vitesse et les performances du parti au
pouvoir déçoivent de plus en plus", poursuit-il.

Des défis à surmonter

Conscient de ces tensions, Jacob Zuma a mené l'an dernier une
campagne électorale visant directement les plus pauvres. Dans les
mois qui ont suivi son arrivée à la tête de l'Etat en mai, les
townships l'ont rappelé à ses promesses, explosant en
manifestations violentes pour dénoncer la corruption et
l'inefficacité des pouvoirs publics locaux. Jeudi, le chef de l'ANC
devrait profiter du 20e anniversaire de la libération de Nelson
Mandela pour répéter sa détermination à transformer le pays, lors
d'un discours à la Nation devant le Parlement.



"Il va reconnaître les défis auxquels il est confronté, ce qui est
nécessaire pour apaiser une partie de la colère", prédit Frans
Cronje. "Mais cela ne servira à rien si son discours n'est pas
suivi d'améliorations dans les hôpitaux, les écoles et les
commissariats". Pour l'analyste, la première puissance économique
du continent est sortie de la période d'euphorie des années 1990:
"Le concept du miracle de la Nation arc-en-ciel s'est largement
effacé, sauf dans les yeux naïfs des observateurs
internationaux."



afp/dk

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Bio express de Nelson Mandela

Mandela est né le 18 juillet 1918 dans la région du Transkeï (sud-est) au sein d'un clan royal. Son père le nomme Rolihlahla, "celui par qui les problèmes arrivent", en xhosa. Un instituteur y adjoindra Nelson.

A Johannesburg, l'apprenti avocat, amateur de femmes et de boxe, s'engage au sein du Congrès national africain (ANC) et fonde avec d'autres la Ligue de la jeunesse de l'ANC. Face à un régime qui institutionnalise l'apartheid en 1948, il prend les rênes du parti.

Maintes fois arrêté, Mandela est jugé une première fois pour trahison et acquitté en 1956. Un an plus tard, il préside au passage de l'ANC, interdit en 1960, à la lutte armée. Arrêté, il est jugé avec le noyau dirigeant de l'ANC pour sabotage et complot contre l'Etat lors du procès de Rivonia (1963-64).

Mandela est condamné à la prison à vie, mais il a fait entendre sa profession de foi: "Mon idéal le plus cher a été celui d'une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales (...) C'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir."

Depuis l'île-prison de Robben Island au large du Cap (sud-ouest) ou bien d'autres geôles, Mandela inspirera ses camarades. A partir de 1985, le régime d'apartheid étranglé par les sanctions internationales et l'inlassable lutte interne entame des approches secrètes.

Le 11 février 1990, le "détenu 46664" apparaît en homme libre aux côtés de sa deuxième épouse Winnie. Il poursuit immédiatement les pourparlers. Le succès de la transition, négociée avec le dernier président de l'apartheid Frederik de Klerk, vaudra aux deux hommes le prix Nobel de la Paix en 1993.

Triomphalement élu lors du premier scrutin multiracial, le 27 avril 1994, Mandela affiche dès son discours d'investiture sa volonté de bâtir une "Nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et le monde".

Adulé par les Noirs, il gagne peu à peu l'affection de Blancs médusés par son absence d'amertume, symbolisée en 1995 par le maillot de l'équipe nationale de rugby, sport fétiche des anciens maîtres blancs, que Mandela enfile lors de la finale qui verra les Springboks emporter la Coupe du Monde.

En 1998, le jour de ses 80 ans, "Tata" (Grand-Père) épouse Graça Machel, la veuve de l'ancien président mozambicain, de 27 ans sa cadette. Un an plus tard, il quitte la présidence et se retire de la vie publique.