Le couvre-feu, reconduit jeudi pour la sixième nuit consécutive, n'a pas empêché de nouveaux affrontements entre protestataires et forces de l'ordre ainsi que des pillages dans plusieurs villes du pays et en divers endroits de la capitale, en particulier dans la périphérie.
Le gouvernement a cependant annoncé une diminution des incidents violents depuis mercredi soir et aucun décès n'a été rapporté durant les dernières 24 heures. Le nombre d'arrestations lui aussi serait en baisse.
18 morts en une semaine
Mercredi, les Chiliens avaient été plus de 400'000 à manifester, selon les autorités. Les protestataires réclament le retrait des militaires déployés pour la première fois dans les rues depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990), ainsi que des réponses à la pire crise sociale traversée par le Chili en trente ans.
Depuis le début des troubles, le 18 octobre, dix-huit personnes sont mortes, dont cinq tuées par des tirs des forces de l'ordre, selon des chiffres officiels. L'Institut national des droits humains (INDH) a recensé 584 personnes blessées, dont 245 par armes à feu.
Mission de l'ONU "bienvenue"
Face à la multiplication des allégations sur des violations des droits humains, la Haut-Commissaire aux droits de l'Homme des Nations unies Michelle Bachelet, qui a été à deux reprises présidente du Chili, a annoncé l'envoi d'enquêteurs. "Les parlementaires et le gouvernement (chiliens) ont tous exprimé le désir d'une mission des droits de l'Homme de l'ONU", a-t-elle ajouté dans un tweet.
Le gouvernement chilien a déclaré qu'une délégation onusienne était la bienvenue, de même que la présence de représentants de l'ONG Human Rights Watch.
Pour tenter d'apaiser la situation, le président conservateur Sebastian Pinera a entrouvert jeudi la porte à une levée prochaine des mesures d'exception. "Nous travaillons à un plan de normalisation de la vie de notre pays (...) pour pouvoir cesser le recours au couvre-feu et, nous l'espérons, lever l'état d'urgence", a-t-il déclaré.
agences/oang
Enquête des autorités sur les accusations de violence
Les autorités chiliennes ont ouvert une enquête sur des accusations de recours excessif à la force de la part de la police et de l'armée lors des manifestations de masse contre le coût de la vie et les inégalités économiques qui secouent le pays, a annoncé jeudi le ministre de la Défense.
Alberto Espina a fait cette annonce après qu'ont circulé sur les réseaux sociaux des images, non authentifiées en l'état, destinées à dénoncer les excès des forces de sécurité pour réprimer la contestation.
"Laissons les institutions faire leur travail", a déclaré le ministre devant des journalistes en appelant la population à faire preuve de patience.